Le dollar dominant déclinera-t-il ? | Le Monde de Demain

Le dollar dominant déclinera-t-il ?

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Après la Deuxième Guerre mondiale, le dollar américain remplaça indiscutablement la livre sterling britannique, en tant que monnaie de réserve. Aujourd’hui, la valeur du dollar est menacée par de gigantesques déficits commerciaux, et par le fait que la Réserve Fédérale tente, en baissant les taux d’intérêt à un niveau jamais vu depuis la fin de la Deuxième Guerre, de redonner de la vigueur à l’économie. L’euro, monnaie officielle de l’Union européenne, attend en coulisse pour prendre la place du dollar en tant que standard international. L’Europe dictera-t-elle dans l’avenir sa politique fiscale, monétaire et commerciale, aux États-Unis ?

Le 8 novembre 2002, après que la Réserve Fédérale eut baissé de façon surprenante son taux d’intérêt d’un demi point à un niveau de 1,2 – taux le plus bas depuis quarante et un ans, le dollar américain chuta face à l’euro. Pour sa part, la Banque Centrale européenne maintint son taux principal à 3,25%.

Il en résulta que les investisseurs abandonnèrent les investissements américains, dont les profits sont de moins en moins attrayants, et investirent dans des intérêts majoritairement européens. L’écart entre le coût d’emprunt aux États-Unis et celui en Europe se creuse dramatiquement.

L’émergence de l’euro et le déclin du dollar américain indiquent un changement d’importance dans la balance du pouvoir mondial. Alors que les taux de change vont continuer à fluctuer, les prophéties bibliques nous montrent qu’en fin de compte, un Empire romain moderne, sur le continent européen, va prendre la place des États-Unis, en tant que pouvoir mondial, tant au niveau économique que militaire et politique. Cela arrivera plus tôt qu’on ne l’imagine !

« Plusieurs analystes prédisent que le déclin du dollar, amorcé au début de cette année, continuera », rapportait l’International Herald Tribune du 9 novembre 2002, « certains investisseurs sont, depuis longtemps, très inquiets au sujet de l’immense déficit américain, qui, pour être financé, demande beaucoup d’investissements étrangers. Lorsque les entrées d’argent diminuent, comme elles l’ont fait au cours des dernières semaines, le dollar perd de sa valeur. »

Perte de confiance chez les consommateurs, baisse soudaine de l’intérêt pour les affaires, et peur d’une reprise économique chancelante, sont des causes d’inquiétude grandissante chez les investisseurs de plus en plus nerveux, qui abandonnent les valeurs américaines pour investir ailleurs.

La hausse de novembre 2002 était, pour la deuxième fois en trois mois, un record de la valeur de l’euro contre le dollar. Entre juillet 2001 et juin 2002, le dollar a perdu environ 14% de sa valeur par rapport à l’euro.

« L’euro a atteint la barre du 1$ en juillet, ce qui donna un élan psychologique aux partisans de cette nouvelle monnaie. Les dirigeants européens espèrent que l’euro rivalisera avec le dollar en tant que monnaie d’échange et de réserve pour les Banques Centrales » (Associated Press, le 6 novembre).

William R. Hawkins, qui écrit pour TradeAlert.org, était plutôt cynique envers les espoirs des dirigeants européens : « Aujourd’hui l’Union européenne […] est anxieuse de voir le dollar chanceler et être remplacé par le nouvel euro comme standard international. Il ne fait aucun doute que c’est pour cette raison que l’Union européenne est si agressive, dans ses essais de paralysie des lois du commerce, et de blocage de toute tentative visant à diminuer le déficit commercial aux États-Unis […] L’Union européenne y voit l’opportunité de mettre fin à l’hégémonie américaine, après la Guerre Froide, qui vexe tant la sensibilité européenne. »

L’économie américaine

Les attaques terroristes du 11 septembre 2001 sur New York et Washington ont durement frappé l’économie américaine. Entre l’automne 2001 et celui de 2002, la valeur des marchés boursiers américains, New York et Nasdaq, ont perdu la somme astronomique de 3 milliards de dollars, faisant passer leur valeur de 11 milliards à 8 milliards de dollars ! Le gouvernement fédéral a dû, en outre, dépenser des milliards de dollars pour la lutte antiterroriste.

Le 8 novembre, le Bureau des Finances du Congrès (CBO) rapportait que le gouvernement fédéral avait atteint un déficit total de 129 milliards de dollars pour l’année fiscale 2002, événement qui marquait la fin de cinq années consécutives de surplus budgétaires, et un écart net de 286 milliards de dollars, car l’année fiscale de 2001 s’était soldée par un surplus de 127 milliards de dollars.

Les revenus, quant à eux, ont chuté de 138 milliards de dollars, soit environ 7%, pourcentage le plus élevé à la baisse depuis 1946. Pour la première fois, les dépenses fédérales ont dépassé les 2 milliards de dollars en 2002, soit une hausse d’environ 8% par rapport au niveau de 2001.

Le Bureau des Finances du Congrès avait, en janvier 2001, prévu des surplus budgétaires de 5,6 milliards de dollars entre 2002 et 2011, mais vingt mois plus tard, le 27 août 2002, il révisait ses chiffres à la baisse, prédisant cette fois seulement 336 milliards de dollars de surplus pour cette même période, soit une baisse de 5,3 milliards de dollars, qui représente 94%, par rapport au budget initial.

Dans son édition du 8 juillet 2002, le journal Business Week donne l’avertissement suivant : « Les déficits jumeaux sont de retour. Un budget fédéral gonflé et insuffisant, ainsi qu’un écart grandissant des échanges face à la reprise toute fraîche […] Ces deux déficits, s’ils ne sont pas surveillés, pourraient causer de graves problèmes, tant sur les marchés financiers que sur le dollar américain, la politique monétaire et la croissance américaine. »

Le déficit commercial américain accumule des dettes à un rythme trois fois plus rapide que celui du budget déficitaire du gouvernement fédéral, environ 1 milliard de dollars par jour. Le Département du Commerce américain rapportait, le 18 novembre, que le déficit commercial des neuf premiers mois de 2002, s’il continuait sur sa lancée jusqu’en décembre, aurait pour résultat un montant annuel de 423 milliards de dollars, surpassant le record précédent qui était de 378 milliards de dollars. Ce renversement dramatique de la fortune américaine a complètement abasourdi les analystes.

Redevables aux étrangers

Hawkins fit remarquer que les déficits commerciaux mettent une pression à la baisse sur le dollar, car ils influencent l’offre et la demande de dollars sur les marchés monétaires internationaux. Alors que les importations surpassent les exportations, plus de dollars sont envoyés outremer. Les emprunts des États-Unis, à l’étranger, s’élèvent à plus de 420 milliards de dollars par an, déclare Hawkins.

« Étant donné que les États-Unis couvrent un si grand déficit commercial avec des capitaux étrangers, les économistes ont peur que des événements soudains et déstabilisants détournent les flots financiers du marché américain, et fassent plonger le dollar », dit-il en notant qu’une telle chute aurait un impact profond sur la sécurité nationale américaine et sur son « leadership » mondial.

« Aux États-Unis, un dollar plus faible amorcerait la spirale inquiétante du désinvestissement. Si les investisseurs croient que le dollar aura moins de valeur, ils posséderont moins d’actifs en dollars, tels que des actions et des obligations. Et, en réduisant leurs investissements, ils affaibliront davantage l’économie américaine et dévalueront d’autant plus le dollar, provoquant ainsi ce qu’ils redoutaient. »

The Economist du 14 juin rapporte que les investissements étrangers, directs, ont financé 91% de déficit de 1999, contre seulement 43% en 2001. La revue déclare que les étrangers possèdent 40% des bons du trésor, et environ 15% des capitaux américains.

L’article du 4 juin de la revue Bulletin, écrit par l’économiste australien Max Walsh, décrit la valeur des investissements étrangers aux États-Unis : « Les obligations corporatives sont évaluées à plus de 1,3 milliards de dollars, les bons du trésor surpasse les 600 milliards de dollars, et les actions corporatives valent 1,5 milliard de dollars. »

Au mois de mars, le président de la Réserve Fédérale, Alan Greenspan, déclara que 40% des capitaux américains avaient été financés par des intérêts étrangers, ce qui exigeait de grandes sorties de fonds en intérêts et en paiements divers. « Les pays qui ont précédemment suivi ce chemin ont invariablement connu d’énormes problèmes, et c’est ce qui risque de nous arriver » dit-il, démentant pourtant dans une allocution que la Réserve Fédérale est à cours d’options, afin de raviver la reprise économique américaine chancelante, alors que le taux fédéral des banques approche le zéro.

Le Fond Monétaire International et l’Organisation de la Coopération et du Développement Economique mettaient récemment en garde contre les dangers que représente, pour l’économie mondiale, l’énorme déficit commercial américain. Ce déficit approche maintenant le taux record de 5% du produit national brut.

Alan Tonelson écrit, dans TradeAlert.org, du 26 septembre : « Ce qui est tragique, c’est qu’une chute en douceur de la devise d’un pays est très difficile à orchestrer. Comme n’importe quel objet en chute libre, plus le temps de chute est long, plus les monnaies qui dégringolent ont tendance à prendre de la vitesse, car ceux qui les possèdent sont pressés de s’en débarrasser afin de limiter leurs pertes. »

Alf Field, analyste qui préconise les investissements en or, a prédit le 20 juin 2002 que, si la tendance se maintenait, il y aurait effondrement de la valeur du dollar. Il a écrit : « Les étrangers acceptaient volontiers les dollars américains, lorsqu’ils avaient des surplus commerciaux avec les États-Unis. Ainsi, les États-Unis étaient en mesure de faire rouler un déficit commercial durant plusieurs années, et de payer pour celui-ci en dollar américain. Il ne faut pas être un grand génie pour deviner que ce genre de gestion est insoutenable. À un moment donné, les étrangers vont tout simplement perdre confiance dans le dollar américain, ou devenir mécontents de devoir acheter leurs actifs américains avec les surplus de dollars américains qu’ils ont accumulés, ou pis encore, de devoir combiner les deux. À ce point, il se produira une implosion du dollar américain. »

Field prédit que le dollar américain pourrait perdre entre 10 et 40% de sa valeur, et que les investisseurs étrangers pourraient bien, en réponse, liquider leurs investissements.

« Le cauchemar commence. Les étrangers possèdent plus de 8,2 milliards des capitaux aux États-Unis. Si seulement 20% des ces investisseurs décidaient de liquider complètement leurs avoirs et de reprendre leur argent, cela voudrait dire qu’environ 1640 milliards de dollars en biens seraient vendus, et que les recettes seraient transférées en devises étrangères. Ajoutons à cela, le déficit commercial annuel de 360 milliards de dollars, qui doit aussi être financé, et le déséquilibre entre les marchés d’échanges financiers et les étrangers qui devient très évident, soit 2 milliards de dollars qui cherchent à partir ! »

Des ramifications historiques

La valeur d’une devise sur le marché international indique la position du pays sur la scène mondiale. Tout comme la livre sterling incarnait la grandeur et le prestige de l’empire britannique à son apogée, le dollar dominant reflète la puissance et le pouvoir des États-Unis. Ce pays et la Grande-Bretagne doivent maintenant faire face à l’émergence de l’euro, qui menace de supplanter la livre sterling britannique et le dollar américain en tant que standard international.

Afin d’exprimer leur opposition au support américain envers Israël, certains pays arabes, producteurs de pétrole, menacent d’accepter seulement l’euro comme mode de paiement pour leur produit. Si l’euro devenait la monnaie de réserve officielle reconnue, les intérêts américains et britanniques en paieraient durement le prix.

Dans son livre À History of Money from Ancient Times to the Present Day, Glyn Davies note que la Grande-Bretagne a joui d’une monnaie nationale unique et relativement stable, durant une période ininterrompue de plus de neuf cents ans.

Davis a écrit : « Au cours de la période post-romaine, l’Angleterre fut l’un des premiers grands pays à obtenir une monnaie nationale unique […] La possession d’une monnaie nationale uniforme, en Angleterre, précéda de six cents ans celle de la France, et de neuf cents ans celles de l’Allemagne et de l’Italie. Ce pourrait être l’une des raisons de la réticence instinctive de l’Angleterre à adopter la monnaie européenne commune, aujourd’hui. » Il note aussi que, pendant deux cents ans, la livre sterling fut maîtresse du commerce international.

Les Britanniques, après avoir infligé la défaite à Napoléon sur le continent européen, ont mené la révolution industrielle, développé Londres en tant que centre financier et bancaire mondial, et étendu leur empire à travers le monde au cours du 19ème siècle, ont vu leur monnaie devenir la plus importante du monde. Sa valeur était alors basée sur l’or.

Avec l’arrivée de la Première Guerre mondiale, l’Angleterre fut forcée d’abandonner l’étalon or. À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis étaient devenus la nation la plus riche et la plus puissante du monde. Le dollar américain était, pour sa part, devenu le pivot central du système financier mondial. Les autres monnaies basaient leur valeur sur celle du dollar, lequel se basait sur l’or.

« À l’époque de la supériorité de la livre sterling, les autres pays ajustaient leurs monnaies en se basant sur la livre. Puis, de 1945 à 1972, l’Angleterre et les autres pays devaient baser leurs monnaies sur la valeur du dollar et répondre à ses exigences », écrit Davis.

En 1971, le président Richard Nixon, cessa d’indexer la valeur du dollar sur celle de l’or. Deux ans plus tard, l’Angleterre entrait dans la Communauté Economique européenne et a dû adapter la livre sterling aux exigences des partenaires de la Communauté. « Un changement d’attitude bien plus important pour l’Angleterre que pour les autres participants », note Davis.

Maintenant, l’Angleterre et les États-Unis sont à un carrefour important de leur histoire. Les États-Unis, pour leur part, se trouvent confrontés à des déficits budgétaires et commerciaux bourgeonnants, alors qu’ils s’embarquent dans une guerre très onéreuse contre le terrorisme. D’autre part, l’Angleterre doit décider si elle abandonnera sa légendaire livre sterling, afin d’adopter l’euro en tant que nouvelle monnaie officielle, ou risquer l’isolement en dehors de l’Europe.

Ces deux nations se retrouvent en confrontation avec l’Union européenne, laquelle de son côté, s’affranchit de plus en plus de la puissance économique indépendante anglo-américaine.

Dans un article significatif tiré du magazine Atlantic Montly, de novembre 2002, Charles A. Kupchan a prédit un conflit imminent entre les États-Unis et l’Union européenne :

« Une grande partie des investissements, qui maintenaient les États-Unis à flot au cours des années 1990, se sont récemment déplacés de l’autre côté de l’Atlantique, permettant ainsi à l’euro de gagner du terrain vis-à-vis du dollar et d’accroître sa chance de voir bientôt l’euro jouir d’un développement en terme de productivité et de croissance. »

Le scénario biblique

Les prophéties bibliques montrent que, juste avant le retour de Jésus-Christ sur cette terre, pour y établir le Royaume de Dieu, les États-Unis et la nation britannique devront subir une chute précipitée de leur prestige et de leur force.

La résurrection de l’Empire romain jouera un rôle majeur dans la chute de l’Amérique et de la Grande-Bretagne, alors qu’un groupe de nations européennes brandira une puissance économique extraordinaire, et que cette dernière sera supportée par un pouvoir militaire.

L’apôtre Jean décrit cette puissance extraordinairement riche. Il écrit que les marchands du monde s’enrichiront par le luxe de ce système (voir Apocalypse 18 :3). Ses échanges et son commerce incluront l’or, l’argent, l’huile, les pierres précieuses, le fin lin, le bois, l’ivoire, le bronze, le fer, le vin, le grain, les troupeaux et les chars (versets 12-13).

En contrepartie, la Bible révèle que les États-Unis et les nations de l’ex-Commonwealth britannique, qui sont les descendants des anciens Israélites, souffriront de sévères difficultés économiques, alors que des bouleversements climatiques détruiront la majeure partie de leurs productions et de leurs troupeaux, renversant ainsi, de façon dramatique, leur prédominance (Lévitique 26 :18-22). De terribles malédictions les atteindront à cause de leur désobéissance aux lois divines, et de leur abandon des valeurs judéo-chrétiennes : « Tu seras maudit à ton arrivée, et tu seras maudit à ton départ » (Deutéronome 28 :19).

Dieu montre aussi que les étrangers leur raviront leur suprématie : « L’étranger qui sera au milieu de toi s’élèvera toujours plus au-dessus de toi, et toi, tu descendras toujours plus bas ; il te prêtera, et tu ne lui prêteras pas ; il sera la tête et tu seras la queue » (versets 43-44). Ces versets évoquent l’image des surplus budgétaires et commerciaux tournant aux déficits.

Est-il possible qu’un empire européen prospère, avec une monnaie puissante, émerge d’un système économique écroulé et dominé par les États-Unis, depuis les 60 dernières années ? La Bible révèle que cela est non seulement possible mais que cela se produira, et que cette Europe rajeunie changera le monde. Par contre, au-delà des temps économiquement difficiles qui sont devant nous, reste le Millénium à venir, un temps d’indescriptibles richesses et d’abondance comme le monde n’en a jamais connu. Le monde entier prospérera sous le règne de Jésus-Christ, qui dirigera le Monde de Demain, selon les lois économiques et financières divines.

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