L'homme qui a cartographié le Canada | Le Monde de Demain

L'homme qui a cartographié le Canada

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En 1786, un jeune apprenti de 16 ans effectua son premier voyage dans les grandes étendues inconnues à l’intérieur des terres du nord-ouest de l’Amérique. Ce jeune homme s’appelait David Thompson.

Cette année marque le 230ème anniversaire du début d’un voyage décisif dont le résultat est la forme actuelle du Canada occidental et la cartographie de sa frontière avec les États-Unis. Cependant, l’histoire du voyage de Thompson raconte une autre histoire qui devrait nous encourager et nous inspirer.

Thompson avait travaillé pendant deux ans dans des postes éloignés le long des côtes de la Baie d’Hudson, après avoir été apprenti pour la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH). Avant cela, il avait étudié à la Grey Coat Charity School près de l’abbaye de Westminster, à Londres. David n’avait que 2 ans lorsque son père mourut, laissant sa famille dans la pauvreté. La Grey Coat Charity School fournissait une excellente éducation pour les garçons des familles défavorisées et les meilleurs étudiants étaient formés à devenir des navigateurs, voire des aspirants dans la Marine royale britannique. Le jeune David montra d’excellentes aptitudes pour la géométrie, la trigonométrie, l’algèbre et la navigation. C’est ainsi qu’il fut apprenti dès l’âge de 14 ans et envoyé sur le territoire qui devint le Canada, pour ne plus jamais revoir sa terre natale.

Son navire, le Prince Rupert, prit la mer en mai 1784 et il arriva à Churchill, dans la Baie d’Hudson, un an plus tard. Ce monde était complètement différent de tout ce qu’il avait connu en Angleterre. Malgré le sentiment de solitude et le caractère insolite de ce nouveau territoire plutôt hostile, David effectua consciencieusement toutes les tâches qui lui étaient confiées.

Le début d’une carrière

En tant que membre d’un groupe d’explorateurs qui allait parcourir plus de 1500 km dans les terres intérieures, jusqu’au nord de la rivière Saskatchewan, Thompson se rendit de Churchill à Manchester House où ils passeraient l’hiver 1787. Il effectua ensuite 650 km en canot et à pied pour passer l’hiver avec la tribu Piegan, près de l’actuelle Calgary. Thompson commença à prendre la mesure de l’immensité du territoire dans lequel il allait travailler. En décembre 1788, il chuta et se cassa une jambe en rentrant à Manchester House, à des milliers de kilomètres de toute aide médicale. Le groupe d’explorateurs organisa son transport jusqu’à Cumberland House, au nord du Saskatchewan, mais son pronostic vital fut engagé pendant plusieurs mois. Il eut besoin d’une année de convalescence et il boita pendant le reste de sa vie à cause de cette blessure. Pendant sa convalescence, Thompson rencontra Philip Turnor, topographe en chef pour la CBH. Turnor était un formidable professeur et Thompson semblait comprendre facilement les principes de la topographie et de l’observation astronomique.

Turnor, un des plus grands topographes de son temps, fut fortement impressionné par les capacités et le caractère de Thompson. Il écrivit au comité de Londres de la CBH en 1790 : « S’il récupère suffisamment de forces pour pouvoir entreprendre des expéditions, je pense que vos honneurs pourront faire confiance à ses rapports d’évaluation de tous les endroits qu’il pourrait visiter » (Sources of the River, Sasquatch Books ; Seattle, 1994, page 35).

En septembre 1792, à 22 ans, Thompson quitta York Factory dans la Baie d’Hudson, équipé d’un jeu de base d’instruments de mesure, avec comme mission de trouver un chemin plus court pour les marchands de fourrure. De 1792 à 1812, Thompson parcourut 90.000 km, souvent seul et dans des conditions difficiles. Il réussit à mesurer avec précision 4.920.000 km² de territoire inconnu, soit l’équivalent de la moitié des États-Unis. La précision de ses mesures ne fut dépassée qu’avec l’utilisation d’avions et de satellites.

Un homme d’honneur et de devoir

Thompson devint célèbre dans tout le territoire, par les autochtones et par les Européens, comme un homme intègre et honorable. Il tenait toujours sa parole, en effectuant ses missions avec diligence pour la CBH, puis la Compagnie du Nord-Ouest, mais aussi et surtout à l’égard de sa femme et de sa famille. En juin 1799, il épousa Charlotte Small, une jeune métisse. À l’époque, les marchands européens prenaient souvent des « femmes du pays », qu’ils exploitaient et qu’ils abandonnaient lorsqu’ils repartaient vers l’est. Thompson était différent ; il aimait sincèrement Charlotte et il la respectait. Ils effectuèrent plus de 20.000 km ensemble à pied, en canot et à cheval. Il appréciait et il bénéficiait de ses techniques de survie et de ses compétences linguistiques, car elle parlait couramment le cri, l’anglais et le français. Ils travaillaient en équipe. Ils restèrent fidèlement mariés pendant 58 ans et ils eurent 13 enfants. De nos jours, ils sont enterrés ensemble au cimetière Mont-Royal à Montréal.

En 1817, ce brillant cartographe fut chargé par la Commission de la frontière internationale de mesurer et d’établir une grande partie de la frontière entre le Canada et les États-Unis. L’opinion du responsable de la commission en dit long au sujet de Thompson : « Un gentleman que je tiendrai toujours en haute estime pour sa droiture de cœur, pour son honnêteté, pour son caractère intègre et pour ses capacités professionnelles » (A Good and Wise Measure, F. Carroll, page 99).

Le travail de Thompson étonne encore les cartographes actuels. Avec des instruments archaïques, travaillant dans des conditions très austères et dangereuses, il réussit à cartographier une immense partie des étendues sauvages de l’Amérique du Nord avec une grande précision, tout en réussissant à faire commerce de fourrures avec plusieurs peuples aborigènes. Plus tard, Thompson connut des difficultés financières et le ministère des Affaires étrangères ne tint pas sa promesse de le rembourser entièrement pour un atlas complet qu’il avait effectué et délivré.

Malgré des problèmes d’argent et une vue défaillante à la fin de sa vie, l’amour entre lui et Charlotte ne faiblit pas pendant plus d’un demi-siècle. David mourut en février 1857, à 87 ans, et Charlotte décéda trois mois plus tard.

Une leçon souvent négligée

Alors que le monde se souvient de David Thompson comme étant le plus grand géographe de l’Histoire, il est intéressant de méditer sur le bonheur enrichissant dont David et Charlotte ont bénéficié grâce à toutes ces années de fidélité l’un envers l’autre. Leur amour et leur dévouement mutuel leur ont procuré de la joie, même dans les moments difficiles. Cette proximité s’est érodée dans notre société moderne, dans le monde occidental, alors que le mariage est un sujet de moqueries et que le rôle de la femme est mis au pilori dans la presse et les médias de divertissement. David et Charlotte récoltèrent les bénéfices liés à l’institution du mariage que Dieu avait établi pour l’humanité. Leur amour les a encouragés et motivés réciproquement à continuer d’accomplir de grandes choses, ainsi qu’à bénéficier d’une joie que tout l’argent du monde ne pourrait acheter.

David Thompson restera connu pour sa formidable prouesse de cartographe, mais nous ne devrions pas ignorer le reste de son héritage. Lui et Charlotte furent une vraie équipe ainsi qu’un exemple de fidélité et de travail pour leur intérêt commun, tel que Dieu l’avait prévu lorsqu’Il créa l’institution du mariage. Si vous souhaitez en apprendre davantage, lisez notre brochure gratuite Le plan divin pour un mariage heureux.

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