La “grande réinitialisation” de l’Europe | Le Monde de Demain

La “grande réinitialisation” de l’Europe

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Comment les nations précédemment associées à l’Union soviétique peuvent-elles changer le rapport de forces dans le monde et apporter de nouveaux dangers en Europe ?

L’Union européenne est-elle sur le point de connaître une « grande réinitialisation » ? Cette expression a été popularisée par le Forum économique mondial (FEM), basé près de Genève, en Suisse. Le FEM promeut une refonte « des programmes mondiaux, régionaux et industriels » destiné à réinitialiser les économies mondiales, l’usage de l’énergie et les politiques sociales des gouvernements. Nous avons déjà expliqué cela dans un article sur la grande réinitialisation, publié dans la revue du Monde de Demain de janvier-février 2021.

L’Union européenne (UE) a besoin d’une réinitialisation. Elle peine à maintenir son unité alors que de multiples forces cherchent à la déchirer. Le « Brexit » – la sortie du Royaume-Uni de l’UE – a prouvé qu’il était possible, voire désirable, pour certains États membres de quitter l’Union. L’Allemagne et la France sont des sociétés très laïques qui exercent une grande influence sur les règlements européens, tandis que des sociétés plus conservatrices et religieuses, comme la Pologne, ont protesté et même rejeté certaines politiques sociales imposées par l’UE concernant les LGBTQ et l’immigration. Nous avons aussi d’une part des nations fortes économiquement, comme l’Allemagne et la France, et d’autre part des nations comme l’Espagne, l’Italie, le Portugal et la Grèce qui ont des économies défaillantes et qui poussent les nations les plus fortes à envoyer des aides très élevées.

Mais lorsqu’il existe des forces puissantes pour déchirer une union, des contrepoids puissants se développent pour les contrer. De telles forces sont actuellement à l’œuvre en Europe.

Des perceptions changeantes

Beaucoup d’Européens influents, en particulier Angela Merkel en Allemagne, pensaient que l’expansionnisme russe pourrait être contenu, ou au moins minimisé, grâce à des engagements commerciaux avec cette nation. Ils avaient même un mot pour ce concept : Ostpolitik. C’est pourquoi l’Europe ne craignait pas d’être fortement dépendante de la Russie pour le gaz et le pétrole. Ce point de vue est beaucoup moins populaire depuis l’invasion russe de l’Ukraine. Celle-ci « a choqué l’Europe occidentale, [la forçant] à reconnaître que sa dépendance aux approvisionnements russes l’avait rendue vulnérable au chantage de Vladimir Poutine ».1 Pour beaucoup d’Européens, le président russe semble « militariser » son contrôle des approvisionnements en énergie de l’UE en empêchant la majeure partie des livraisons de gaz et de pétrole espérées par l’Europe, alors qu’il envahit un État européen.

Suite à l’invasion russe de l’Ukraine, l’Allemagne a récemment fait volte-face en s’engageant à reconstruire une armée solide. En Europe, beaucoup ont été choqués par la rapidité avec laquelle le chancelier Olaf Scholz a pris cette décision. Le pays va notamment s’équiper d’avions de combat furtifs américains F-35 et d’Eurofighters, tous les deux capables d’embarquer des armes nucléaires (voir article “La transformation de l'Allemagne” dans cette revue).

D’autres nations européennes réévaluent aussi leur engagement. L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a accepté de nouveaux membres qui faisaient autrefois partie du pacte de Varsovie et qui étaient largement contrôlés par l’ancienne Union soviétique. D’autres membres plus récents de l’OTAN faisaient autrefois partie de l’URSS mais ils devinrent indépendants lorsque celle-ci et le pacte de Varsovie ont été dissous en 1991. Beaucoup de ces nations ont rejoint l’OTAN pour préserver leur sécurité et leur indépendance politique. Il s’agit de la Hongrie, la Pologne et la République tchèque (1999), la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie (2004), l’Albanie et la Croatie (2009), le Monténégro (2017) et la Macédoine du Nord (2020). L’Ukraine avait également exprimé le souhait de rejoindre l’organisation.

Le contexte historique

Les anciennes nations du pacte de Varsovie craignent que Vladimir Poutine désire retrouver les mauvais vieux jours de la gouvernance politique et militaire russe. Pour comprendre les actions des Européens, il est nécessaire de se rappeler le contexte historique de ce pacte.

De nos jours, les Russes et les Européens de l’Est voient très différemment l’époque du pacte de Varsovie. Les manœuvres géopolitiques en Europe, après la Deuxième Guerre mondiale, sont complexes, mais afin de comprendre les événements actuels en Europe de l’Est, il est utile de posséder une vue d’ensemble de cette période, du pacte de Varsovie et de certains événements majeurs qui ont conduit à sa formation.

• La conférence de Yalta

En février 1945, vers la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la défaite de l’Allemagne était imminente. Les dirigeants des « trois grands », le président américain Franklin Roosevelt, le Premier ministre britannique Winston Churchill et son homologue soviétique Joseph Staline, se réunirent dans la ville de Yalta, en Crimée, pour négocier la réorganisation de l’Allemagne et de l’Europe après la guerre. Concernant les pays occupés par les Soviétiques pendant la Deuxième Guerre mondiale, Staline convainquit Roosevelt et Churchill que des élections libres y seraient organisées afin de suivre la volonté de ces peuples, mais il n’eut jamais l’intention de tenir cette promesse.

• La chute de l’Allemagne nazie

Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, les Alliés furent conduits par les « trois grands » – les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union soviétique – mais la coalition comprenait aussi des forces venues du Canada, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, d’Afrique du Sud, de la résistance de la France libre et d’autres. En 1945, les armées alliées repoussèrent les forces allemandes en Afrique du Nord, en Italie, en France et sur d’autres fronts occidentaux, tandis que les Soviétiques pénétrèrent en Allemagne sur le front oriental. Alors que l’armée d’Hitler commençait à s’effondrer en Allemagne, les forces alliées s’engagèrent dans une course à l’est et à l’ouest pour occuper le plus de territoires possibles en vue de la partition de la région et des négociations d’après-guerre. L’Allemagne se rendit inconditionnellement devant le général Dwight Eisenhower à Reims, en France, le matin du 7 mai 1945. Le lendemain, un autre document était signé avec les Soviétiques à Berlin.

• Le Rideau de fer

Cette expression désigne une barrière physique qui fut érigée par les gouvernements communistes de l’Union soviétique et de l’Europe de l’Est pour empêcher leurs peuples d’être en contact avec les démocraties de l’Europe occidentale. Il parcourait environ 7000 km et était constitué de barrières, de champs de mines, de miradors, de points de passage et de murs (dont le mur de Berlin). Le fait de le franchir illégalement pouvait entraîner la mort pour les Européens de l’Est.

• L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN)

Après la Deuxième Guerre mondiale, plusieurs crises de sécurité alarmèrent les gouvernements de l’Europe occidentale concernant l’expansion politique et militaire de l’Union soviétique. Le blocus de Berlin, le coup d’État communiste soutenu par les Soviétiques en Tchécoslovaquie, ainsi que d’autres événements attisèrent les inquiétudes concernant l’agressivité et l’expansionnisme soviétique en Europe. Le traité de l’Atlantique Nord fut signé en 1949. Voici quel était son but :

« Dans cet accord, les États-Unis, le Canada, la Belgique, le Danemark, la France, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège, le Portugal et le Royaume-Uni s’accordèrent à considérer une attaque contre l’un d’entre eux comme une attaque contre tous […] Les arrangements collectifs de défense dans l’OTAN servaient à placer l’ensemble de l’Europe occidentale sous le “parapluie nucléaire” américain. Dans les années 1950, une des premières doctrines militaires de l’OTAN émergea sous la forme de “représailles massives”, l’idée que si un membre était attaqué, les États-Unis répliqueraient avec une attaque nucléaire de grande ampleur. La menace de ce genre de réponse était destinée à dissuader les agressions soviétiques sur le continent. Bien qu’elle fût constituée pour répondre aux exigences de la guerre froide en cours de développement, l’OTAN a perduré bien après ce conflit, l’adhésion s’étendant même à d’anciens États soviétiques. Elle demeure la plus grande alliance militaire dans le monde en temps de paix. »2

• L’Union européenne

La stabilité d’après-guerre fournie par l’OTAN et le parapluie nucléaire américain ont permis aux économies européennes de prospérer et de signer des accords de marché commun. Dès les années 1950, Winston Churchill, Dwight Eisenhower et d’autres dirigeants encourageaient la formation des « États-Unis d’Europe ». Cela ne se réalisa pas de leur vivant, mais en 1993, la citoyenneté européenne fut établie par le traité de Maastricht. L’UE comporte actuellement 27 États membres, dont plusieurs anciennes républiques soviétiques et nations du pacte de Varsovie. Le Royaume-Uni a quitté l’Union le 31 janvier 2020.

• Le pacte de Varsovie

Après avoir vaincu l’Allemagne, l’armée soviétique occupa la plupart de l’Europe centrale et orientale. Certains États furent incorporés à l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), dont l’Ukraine, la Lettonie, l’Estonie, la Lituanie, l’est de la Pologne, la Biélorussie, la Moldavie et Kaliningrad. D’autres pays formèrent le pacte de Varsovie, une alliance dominée par les Soviétiques : l’Albanie, la Bulgarie, la Tchécoslovaquie, l’Allemagne de l’Est, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et l’Union soviétique.

Ce pacte fournissait aux Soviétiques une force d’opposition à l’OTAN et il lui permettait d’instaurer l’hégémonie politique et militaire systématique de la Russie sur les États membres, dans le cadre d’un commandement militaire unifié. L’Union soviétique avait d’autres nations satellites parmi les pays frontaliers, comme la Mongolie et l’Afghanistan, sur lesquelles elle maintenait une hégémonie ou des gouvernements socialistes qui lui étaient favorables.

Il n’était pas permis de se libérer de la domination communiste. Lorsque la Hongrie tenta de quitter le pacte de Varsovie en 1956, les chars et les troupes russes entrèrent dans le pays et écrasèrent la révolte. En 1968, la libération de la Tchécoslovaquie menée par Alexander Dubcek, le « Printemps de Prague », fut écrasée par une invasion du pays, avec près de 250.000 soldats venus d’autres nations du pacte de Varsovie.

En 1989, un grand mécontentement régnait parmi les habitants de ces nations et d’autres pays du bloc soviétique. Lorsque l’URSS s’effondra en décembre 1991, les nations du pacte de Varsovie avaient déjà déclaré la fin de celui-ci plus tôt dans l’année.

• La guerre froide

Il s’agit d’une époque de compétition militaire et politique entre les démocraties libérales en Occident, soutenues militairement par l’OTAN, et l’Union soviétique totalitariste, ainsi que les nations du pacte de Varsovie. Pendant cette période (1947-1991), la doctrine de la destruction mutuelle assurée, au moyen d’une guerre nucléaire, a empêché un conflit militaire de grande envergure. Les décennies de la guerre froide furent dangereuses et certains épisodes, comme la crise des missiles de Cuba, ont failli se terminer par un échange nucléaire. Il est généralement admis que la guerre froide a pris fin, au moins temporairement, avec l’éclatement de l’Union soviétique et la dissolution du pacte de Varsovie.

• L’éclatement de l’Union soviétique

L’URSS commença en 1922 et elle était présentée comme une union fédérale de plusieurs petits États. Dans les faits, l’économie et le gouvernement soviétique étaient dirigés par un État communiste centralisé et contrôlé par un parti unique, basé en Russie. Lorsque Mikhaïl Gorbatchev devint secrétaire général du parti communiste en 1985, l’Union soviétique entama la perestroïka, une période de réforme et de restructuration de l’économie soviétique bien mal en point. Plus tard, il introduisit la glasnost, c’est-à-dire « l’ouverture », donnant plus de liberté à la presse et dans le domaine de la politique – ce qui conduisit fatalement à plus de critiques à l’égard du gouvernement. Le résultat inévitable fut l’augmentation des échanges avec les sociétés libres du monde occidental. L’accumulation de plusieurs événements conduisit à la dissolution officielle de l’URRS le 21 décembre 1991.

Un nouvel ordre européen ?

En suivant l’exemple d’anciennes nations soviétiques, l’Ukraine a exprimé son souhait de rejoindre l’OTAN, afin de renforcer ses liens avec les démocraties libérales de l’Occident et pour sa sécurité face aux possibles ambitions futures de la Russie. Cependant, les nations de l’OTAN, conscientes de la position délicate de l’Ukraine, ont toujours refusé son entrée dans l’organisation.

Jusqu’à récemment, les nations de l’UE, en particulier l’Allemagne, étaient en faveur d’une intégration économique avec la Russie, se disant que cela réduirait la probabilité d’un conflit armé. Elles considéraient la Russie davantage comme un partenaire économique qu’un adversaire militaire et politique. Mais ayant été sous la domination soviétique après la Deuxième Guerre mondiale, les nations de l’Europe de l’Est qui font partie de l’UE ou de l’OTAN ont une opinion différente.

À présent, suite à l’invasion de l’Ukraine, toutes les nations de l’UE, pas seulement quelques nations de l’ancien pacte de Varsovie, sont mal à l’aise face à la Russie. Elles craignent que celle-ci essaie de restaurer son ancien empire par l’hégémonie, la déstabilisation et la puissance militaire. Voici un rapport du bureau de l’Associated Press à Belgrade, en Serbie :

« Certains pays européens, qui observent la guerre brutale en Ukraine, craignent d’être la prochaine cible. Les représentants occidentaux disent que les plus vulnérables pourraient être ceux qui ne sont membres ni de l’OTAN ni de l’Union européenne, et qui se retrouveraient donc seuls et sans protection – dont la Moldavie voisine de l’Ukraine et la Géorgie voisine de la Russie, toutes deux faisant partie de l’ancienne Union soviétique, ainsi que les États balkaniques de la Bosnie et du Kosovo.

Cependant, les analystes ont prévenu que même les membres de l’OTAN, comme l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie à la frontière russe, ainsi que le Monténégro, risquaient d’être la cible soit d’une intervention militaire directe de Moscou, soit d’une tentative de déstabilisation politique […] L’administration Biden est pleinement consciente des craintes profondes en Europe centrale et orientale que la guerre en Ukraine pourrait n’être qu’un prélude à des attaques plus larges contre les membres de l’ancien pacte de Varsovie, afin de rétablir la domination régionale de Moscou. Le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, a déclaré que “la Russie ne va pas s’arrêter à l’Ukraine” »3 (c’est nous qui accentuons).

Selon le traité de l’OTAN, une attaque contre un des États membres est considérée comme une attaque contre tous les membres. Ainsi, une attaque russe contre un des États baltes qui faisaient partie du bloc oriental, comme la Lettonie ou l’Estonie, engendrerait une confrontation beaucoup plus importante entre la Russie et le reste de l’OTAN, en particulier avec les États-Unis qui seront en première ligne. Les responsables de l’UE comprennent qu’ils doivent prendre des mesures sérieuses pour leur sécurité et qu’ils doivent le faire rapidement.

Des conséquences inattendues

« Celui qui contrôle le Rimland contrôle l’Eurasie et celui qui contrôle l’Eurasie contrôle la destinée du monde. »4 Le « Rimland » désigne la frange maritime de l’Eurasie, les nations sur le pourtour du continent eurasien. Cette théorie a eu de nombreux partisans au siècle dernier. La Russie voit-elle sa grandeur potentielle dans ce contexte ?

Vladimir Poutine espère utiliser l’invasion de l’Ukraine pour réaffirmer la domination russe sur l’Europe de l’Est, diviser l’OTAN et empêcher les anciennes nations du pacte de Varsovie, dont l’Ukraine, de rejoindre l’alliance. Cependant, la conséquence inattendue fut un renforcement de l’unité et de la détermination au sein de l’UE, qui peut aller bien au-delà des aspects militaires et politiques.

Le pape émérite Benoît XVI, un auteur influent et prolifique, a une opinion bien spécifique de l’Europe. Peu avant de devenir pape, une compilation de ses discours et de ses articles avait été publiée sous la forme d’un livre intitulé L'Europe, ses fondements, aujourd'hui et demain. Il y posait la question : « À proprement parler, qu’est-ce que l’Europe ? » Avant de répondre : « L’Europe n’est pas un continent que l’on peut nettement saisir en termes de géographie : il s’agit, en réalité, d’un concept culturel et historique. »5 Il expliqua ensuite que l’idée même de l’Europe provient de ses sources spirituelles dans le catholicisme romain et l’orthodoxie orientale.

Comme les papes l’ayant précédé, Benoît XVI croit que l’Europe est davantage un concept qu’un emplacement géographique. Historiquement, cette idée a déterminé l’identité de l’Europe. Benoît XVI explique que l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe orientale ont fourni une éthique pré-politique qui a précédé la formation des États européens desquels est sortie l’idée même de l’Europe. Dans son esprit, l’absence d’Église signifie l’absence d’Europe. Lui et d’autres pensent que l’UE devrait être officiellement un État chrétien.

Comme ses prédécesseurs, Benoît XVI ne voit pas les limites de l’Europe à la frontière occidentale de la Russie, mais jusqu’à la chaîne de l’Oural, qui forme une division est-ouest à l’intérieur même de la Russie. Depuis longtemps, les Russes vivant à l’ouest de l’Oural se sont identifiés à l’Europe autant qu’à l’Asie. Serait-il possible qu’en cherchant à diviser l’Europe, Vladimir Poutine cherche aussi à éviter une division de la Russie ?

En tant qu’ancien agent du KGB, Poutine se souvient assurément de l’effet politique que les neuf visites du pape Jean-Paul II en Pologne ont eu sur les nations du pacte de Varsovie. En 2019, une conférence eut lieu pour commémorer le quarantième anniversaire de sa première visite. À cette occasion, « Dr Jaroslaw Szarek rappela les paroles mémorables du pape [à propos] des deux poumons de l’Europe, l’Orient et l’Occident, des paroles qui résonnèrent pendant des années. Il mentionna aussi que “Jean-Paul II parla des problèmes de notre identité et de notre héritage, il parla de notre tradition, de notre culture et de notre Histoire. C’est ici, à Gniezno, que nous avons entendu ses paroles à propos de l’unité spirituelle de l’Europe, des paroles qui ont influencé la chute du Rideau de fer »6 (c’est nous qui accentuons).

Au sein de l’Union européenne, beaucoup considèrent qu’il faut une Église forte pour obtenir une Europe forte et unifiée. Ils pensent que plus la présence de l’Église sera forte, plus les nations de l’UE seront unifiées. Au cours des dernières décennies, l’Église catholique romaine et son homologue orthodoxe se sont beaucoup parlé. Une résurgence religieuse – une « grande réinitialisation » religieuse en Europe – pourrait rapprocher politiquement ces deux Églises et les peuples qu’elles représentent. Vladimir Poutine perçoit-il quelque chose qui échappe aux États-Unis ?

Une autre conséquence inattendue des sanctions contre la Russie est le renforcement de l’alliance entre la Russie et la Chine. Au cours du siècle dernier, l’Union soviétique et la Chine furent souvent en conflit. Mais suite aux sanctions économiques de la part des nations occidentales, la Russie compte de plus en plus sur l’assistance de la Chine. Qu’elle soit volontaire ou non, l’alliance entre ces deux grandes puissances se renforce et un réalignement des puissances mondiales est en cours, aboutissant à une division importante entre l’Orient et l’Occident. Peut-être s’agit-il de l’objectif de Poutine et non d’une conséquence inattendue.

Une dernière conséquence inattendue des sanctions américaines contre la Russie pourrait être l’affaiblissement, ou le remplacement, du dollar comme monnaie de réserve internationale. La Chine met déjà en avant le yuan comme possible alternative et personne ne sait encore quel sera l’impact à long terme des monnaies numériques. Une nouvelle puissance européenne comblera-t-elle le vide d’un monde sans dollar ? La Chine et la Russie aimeraient clairement combler ce vide.

L’histoire future dans la Bible

Le Monde de Demain enseigne depuis longtemps que la prophétie biblique annonce l’émergence d’une alliance de dix nations en Europe en tant que puissance dominante dans le monde, particulièrement dans les domaines du commerce et de la finance. Il pourrait s’agir de dix nations distinctes ou dix groupes de nations qui donneront leur autorité à une grande autocratie qui sera également soutenue par une grande institution religieuse. Une des conséquences inattendues de l’invasion de l’Ukraine par la Russie pourrait-elle être la solidification d’une identité européenne commune et d’une grande réinitialisation de l’Europe ? Pour le savoir, assurez-vous de commander un exemplaire gratuit de notre brochure La bête de l’Apocalypse : mythe, métaphore ou réalité à venir ? ou lisez-la en ligne sur MondeDemain.org.

1A Question for President Biden on Oil and Gas”, Wall Street Journal, 14 mars 2022
2North Atlantic Treaty Organization (NATO), 1949”, History.State.gov
3After Ukraine, Europe wonders who’s next Russian target”, AP News, 10 mars 2022
4 The Geography of the Peace, Nicholas Spykman, page 44
5 L’Europe, ses fondements, aujourd’hui et demain, Benoît XVI, éditions Saint-Augustin, pages 11-12, traduction Gabriel Ispérian
640th anniversary of the first pilgrimage of Pope John Paul II to Poland”, Institut national du souvenir, IPN.gov.pl, 31 mars 2019

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