Le fer et l’argile | Le Monde de Demain

Le fer et l’argile

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Dans l’ancien royaume de Babylone, les magiciens et les astrologues étaient dans l’embarras. Le roi Nebucadnetsar venait de faire un rêve terrifiant et il voulait en connaître la signification. Pris par la peur, la frustration et la colère, il ordonna de faire exécuter tous ses magiciens et voyants s’ils n’étaient pas capables de lui révéler à la fois son rêve et sa signification.

Il déclara : « La chose m’a échappé ; si vous ne me faites connaître le songe et son explication, vous serez mis en pièces, et vos maisons seront réduites en un tas d’immondices » (Daniel 2 :5). Nebucadnetsar savait comment motiver les gens ! Se trouvant incapables de répondre à la requête du roi, les voyants répondirent : « Il n’est personne sur la terre qui puisse dire ce que demande le roi ; aussi jamais, roi, quelque grand et puissant qu’il ait été, n’a exigé une pareille chose d’aucun magicien, astrologue ou Chaldéen. Ce que le roi demande est difficile ; il n’y a personne qui puisse le dire au roi, excepté les dieux, dont la demeure n’est pas parmi les hommes » (versets 10-11). Pour toute réponse, le roifit commencer les exécutions.

L’arrivée de Daniel

Mais il se trouvait un jeune Juif, en captivité, que Dieu avait béni en lui permettant d’interpréter les songes et de recevoir des visions prophétiques. Dieu révéla le rêve et sa signification à ce jeune prophète, Daniel.

Daniel avait été emmené captif lorsqu’il était un jeune homme, après la défaite du royaume de Juda, face aux Babyloniens, en 604 av. J.-C. Mais, grâce à l’interprétation du songe de Nebucadnetsar, et suite à d’autres événements, Dieu permit à Daniel de devenir un des fonctionnaires les plus haut placés, à la fois sous les règnes babylonien et médo-perse. Le prophète Ézéchiel, contemporain de Daniel, mentionna à trois reprises qu’il était un homme reconnu pour sa sagesse et sa droiture (Ézéchiel 14 :14, 20 ; 28 :3). Jésus-Christ parla également de lui en l’appelant « le prophète Daniel » (Matthieu 24 :15).

Daniel répondit au roi que dans son rêve il y avait une grande statue, représentant les étapes successives du système de gouvernement babylonien à travers l’Histoire (Daniel 2).

Daniel prophétisa une série d’empires avant même qu’ils existèrent ! Daniel identifia clairement le royaume de Nebucadnetsar comme étant la tête d’or de la statue. Il décrivit ensuite la poitrine et les bras d’argent de la statue, que nous connaissons comme l’Empire médo-perse. Il poursuivit avec le ventre et les cuisses d’airain – l’Empire grec. Puis il termina avec les jambes de fer et les pieds, les « jambes » orientales et occidentales de l’Empire romain (dont les capitales étaient Constantinople et Rome).

Mais Daniel mit l’accent sur un détail frappant dans le songe du roi. Les pieds et les orteils de la statue – représentant l’empire qui gouvernera juste avant le retour du Messie, où les dix orteils représentent dix rois – étaient en partie constitués de fer et en partie d’argile.

Daniel expliqua : « Et comme tu as vu les pieds et les orteils en partie d’argile de potier et en partie de fer, ce royaume sera divisé ; mais il y aura en lui quelque chose de la force du fer, parce que tu as vu le fer mêlé avec l’argile. Et comme les doigts des pieds étaient en partie de fer et en partie d’argile, ce royaume sera en partie fort et en partie fragile. Tu as vu le fer mêlé avec l’argile, parce qu’ils se mêleront par des alliances humaines ; mais ils ne seront point unis l’un à l’autre, de même que le fer ne s’allie point avec l’argile. Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d’un autre peuple ; il brisera et détruira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement » (Daniel 2 :41-44).

La majeure partie de la prophétie de Daniel s’est effectivement déjà réalisée et fait partie du passé. Les Babyloniens ont été renversés par l’Empire médo-perse, vaincu à son tour par l’Empire grec sous le règne d’Alexandre le Grand. Enfin, « l’empire de fer » de Rome écrasa les Grecs et tous les pays environnants, jusqu’à la Judée des Maccabées, exactement comme Daniel l’avait annoncé. La séparation des « jambes » eut lieu en 395 apr. J.-C. lorsque l’Empire romain oriental, communément appelé Empire byzantin, se sépara de Rome et établit sa capitale à Constantinople (aujourd’hui Istanbul).

L’histoire des orteils

Mais qui sont « les doigts des pieds [constitués] en partie de fer et en partie d’argile » ? L’Histoire n’a pas encore vu la réalisation de cette prophétie. La Bible révèle qu’ils représentent dix rois, ou dix gouvernements, à la fin de cette ère, qui feront partie de la dernière et grande résurgence de l’Empire romain. Deux caractéristiques particulières permettent de les identifier : ils seront dix et leur « royaume sera en partie fort et en partie fragile », tout comme le fer est solide et l’argile est fragile.

L’apôtre Jean reçut une vision dans laquelle il lui fut révélé des détails supplémentaires concernant ces événements clés des temps de la fin. « Je vis une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphème, ayant sept têtes et dix cornes. Cette femme était vêtue de pourpre et d’écarlate, et parée d’or, de pierres précieuses et de perles. Elle tenait dans sa main une coupe d’or, remplie d’abominations et des impuretés de sa prostitution. Sur son front était écrit un nom, un mystère : Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre. Je vis cette femme ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus. Et, en la voyant, je fus saisi d’un grand étonnement » (Apocalypse 17 :3-6).

Tout comme la nation d’Israël est représentée par une femme dans la Bible, et l’Église – l’Israël spirituel – par une vierge fiancée au Christ, la prostituée d’Apocalypse 17 représente une grande fausse Église qui sera active dans les derniers jours de cette ère. Elle jouera un rôle essentiel dans la dernière résurgence du grand système babylonien, représenté par la statue du songe de Nebucadnetsar.

Il fut également dit à Jean : « Les dix cornes que tu as vues sont dix rois, qui n’ont pas encore reçu de royaume, mais qui reçoivent autorité comme rois pendant une heure avec la bête. Ils ont un même dessein, et ils donnent leur puissance et leur autorité à la bête. Ils combattront contre l’Agneau, et l’Agneau les vaincra, parce qu’il est le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois, et les appelés, les élus et les fidèles qui sont avec lui les vaincront aussi » (versets 12-14).

Cette « femme » chevauche une grande puissance politique qui possède « dix cornes » – dix gouvernements auxiliaires. Les dix orteils de Daniel 2 et les dix cornes d’Apocalypse 17 représentent le même groupe de dix gouvernements qui joueront un rôle à la même époque.

Un peu d’histoire récente

Rome fut le dernier siège de l’ancien Empire romain, qui se releva plusieurs fois de ses cendres. De nos jours, Rome fait partie d’une Union européenne (UE) qui connaît de grands problèmes et dont la forme actuelle est menacée. Depuis la création de l’UE, dix-sept nations ont adopté une monnaie unique, mais elles n’ont pas uniformisé leurs politiques fiscales. Globalement, chaque pays est libre de dépenser, de créer des taxes et d’emprunter comme il veut. Cependant, dans une telle union, il était inévitable que les économies les plus solides – comme l’Allemagne et la France – finissent par dominer les économies les plus faibles comme l’Espagne, le Portugal et la Grèce. L’industrie allemande soutient une économie à forte valeur ajoutée basée sur les exportations, tandis que les pays du Sud de l’Europe ont plutôt une économie agraire générant une faible valeur par heure de travail.

Pour ne rien arranger, les gouvernements portugais, italien, irlandais, grec et espagnol se sont engagés dans une débauche de dépenses sociales, créant ainsi des déficits incontrôlables. Ces nations sont souvent désignées sous l’acronyme de PIIGS, signifiant littéralement « cochons » en anglais : « Portugal, Italy, Ireland, Greece et Spain [Espagne] ». Pendant quelque temps, ces pays ont pu faire des emprunts d’État à des taux d’intérêt artificiellement bas, pour compenser leurs déficits, tirant profit de la force apparente de l’UE et de l’euro. En effet, la Grèce et son économie fragile s’engouffrait dans le sillage de la puissante Allemagne pour écouler leurs bons du Trésor. Cependant, les pays de l’UE n’ont jamais garanti les obligations émises par leurs voisins, et le fardeau de la dette cumulée des pays du PIIGS a atteint des niveaux intenables, les acheteurs de bons du Trésor ont commencé à devenir frileux et à réclamer des taux d’intérêt plus élevés pour continuer à prêter.

Les banques européennes ont supporté la plus grande partie de cette dette souveraine à risque, et l’éventualité d’un défaut de paiement de la Grèce ou d’autres nations européennes a créé une onde de choc à travers le système bancaire européen. Si les bons du Trésor grecs venaient à être dévalués – ou complètement annulés – la perte affecterait le capital de base des banques, réduisant ainsi leur capacité à prêter à l’avenir. Certaines grandes banques européennes, dont la Société Générale et le Crédit Agricole en France, ont déjà vu leurs notes de crédit dégradées et assorties de « perspectives négatives ».

Certaines personnes ont parlé d’un « sauvetage » de la Grèce, mais une telle largesse serait surtout un sauvetage des banques. La Banque centrale européenne a essayé de consolider cette situation précaire, mais les craintes de voir une crise bancaire majeure restent élevées. Une telle crise plongerait l’Europe dans la récession et pourrait remettre en cause son existence même. L’Union européenne dépend de l’union monétaire, et si l’euro échoue, elle prendra sans doute fin – au moins dans sa forme actuelle.

Le test de résistance

De nombreux dirigeants européens ont laissé entendre que le meilleur moyen de résoudre les problèmes actuels serait de placer les économies et les politiques fiscales des membres de l’Union sous le contrôle d’une autorité fédérale. « Si les Européens refusent de “former une union économique et monétaire totale […] ainsi qu’une union fiscale, dotée d’une gouvernance forte, en acceptant que certaines décisions politiques soientprises en commun par ceux qui partagent la monnaie unique, alors nous échouerons”, a déclaré Joaquín Almunia, vice-président de la Commission européenne, qui est l’administration s’apparentant le plus à un gouvernement central dans l’Union » (“Experts : Europe Needs More Perfect Union”, Associated Press, 3 septembre 2011).

D’autres ont suggéré de refinancer l’endettement en émettant des bons du Trésor qui seraient garantis, d’une manière ou d’une autre, par les États de l’UE. L’Allemagne n’est pas favorable à de telles propositions, car elle en supporterait le fardeau financier, sans pour autant régler les problèmes sous-jacents liés au manque de restriction budgétaire des pays du PIIGS. Pour recevoir l’aide dont elles ont besoin, il est clair que les économies européennes en difficulté doivent abandonner une grande partie de leur souveraineté budgétaire – et une des conditions d’acceptation des crédits sera que l’Allemagne « prenne les commandes ».

« Valérie Pécresse, porte-parole du gouvernement français, a déclaré que “les euro-obligations représentent pour nous l’aboutissement d’un processus de consolidation dans la zone euro, car le partage de la dette implique également la convergence de nos politiques budgétaires” » (ibid.).

L’expression « convergence des politiques budgétaires » est une façon diplomatique de décrire un « contrôle centralisé des dépenses des nations européennes ». Certains, comme les anciens Premiers ministres allemand et belge, Gerhard Schröder et Guy Verhofstadt, ont explicitement appelé à la création des « États-Unis d’Europe » – une évolution annoncée depuis plus d’un demi-siècle, par l’Église de Dieu, à la lumière des prophéties bibliques !

Les tensions qui pèsent sur l’Union européenne et sur l’euro sont-elles trop lourdes à supporter pour ces institutions relativement récentes ? Certains observateurs – des eurosceptiques – suggèrent que l’UE volera bientôt en éclats, détruisant au passage sa monnaie unique, l’euro. Mais les Européens – après tant de sacrifices pour en arriver là – abandonneront-ils leur rêve d’Europe fédérale ? Pour les plus fervents partisans de l’UE, cela est impensable.

Un autre point de vue consiste à dire que les tensions qui semblent actuellement déchirer l’UE finiront par sceller la consolidation européenne. De quelle manière ? Plus les tensions risquant de déchirer l’Europe sont grandes, plus les liens fédéraux pour maintenir l’union en Europe seront forts. Pour certains, ce n’est qu’au creuset de la crise actuelle que les Européens pourront forger les liens d’une véritable Europe fédérale. Dans cette perspective, si les Européens continuent à aller de l’avant, au lieu de reculer, le cours de l’Histoire les conduira vers de véritables « États-Unis d’Europe » fédéraux. Ainsi, il se peut qu’il faille une grande crise et un grand dirigeant pour aboutir à une grande solution !

Qui sont les orteils ?

Il est rare que des pays abandonnent volontairement leur souveraineté – généralement, on la leur prend de force. Cependant, si l’Union européenne continue d’exister et qu’elle évite la catastrophe économique, nombreux sont ceux qui pensent que les États-membres devront remettre leur puissance et leur autorité à un gouvernement européen centralisé.

Les observateurs qui comprennent la situation politique en Europe s’accordent à dire que l’Allemagne devra être la principale source de financement dans un tel contexte, et par conséquent, elle insistera pour jouer un rôle dominant. Elle sera en position de demander la renégociation de la structure politique actuelle de l’UE et la supervision des mesures de contrôle politique et économique à grande échelle sur les États-membres, afin de pouvoir contrôler les États faibles, voire les expulser de l’Union. D’une manière ou d’une autre, rares sont ceux qui pensent que les configurations actuelles de l’Europe à vingt-sept pays et de la zone euro à dix-sept se maintiendront.

Revenons maintenant aux orteils mentionnés dans le songe de Nebucadnetsar. Dieu révéla en vision à l’apôtre Jean, qu’à la fin de cette ère il y aurait une résurgence de l’Empire romain, constituée de dix nations, ou dix rois, qui « donnent leur puissance et leur autorité » à la continuation de l’ancien système babylonien. Cet ensemble de dix nations sera en partie fort et en partie fragile, comme les orteils de fer et d’argile. Pourrions-nous voir l’apparition de ces orteils ?

Nous devons aussi nous souvenir que les événements économiques vont de pair avec les développements géopolitiques. Alors qu’ils affrontent la crise financière, les Européens voient venir la résurgence d’un islam radical au Sud et ils commencent à en ressentir les effets même sur leur propre sol. À l’extérieur de l’Europe, peu de gens sont conscients que les forces armées musulmanes étaient aux portes de Vienne, en 1683. De nos jours, l’islam s’étend à travers l’Europe, principalement suite à l’immigration, et de nombreuses voix influentes (dont le pape Benoît XVI) pressent les Européens à affirmer leur héritage de catholiques romains et à résister à l’extension de l’athéisme et de l’islam. L’Europe sera-t-elle unifiée par un puissant dirigeant contre l’extension de l’islam ?

Veillez !

Dans la « prophétie du mont des Oliviers », Jésus-Christ fit référence à ce qu’Il avait prophétisé plusieurs siècles auparavant, par l’intermédiaire de Daniel : « C’est pourquoi, lorsque vous verrez l’abomination de la désolation, dont a parlé le prophète Daniel » (Matthieu 24 :15). Le Christ nous rappelle qu’aux temps de la fin, les chrétiens seront capables d’identifier les événements mondiaux et leur signification à la lumière des prophéties bibliques. « Instruisez-vous par une comparaison tirée du figuier. Dès que ses branches deviennent tendres, et que les feuilles poussent, vous savez que l’été est proche. De même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est proche, à la porte » (versets 32-33).

Plus loin, Il dit : « Pour ce qui est du jour ou de l’heure, personne ne le sait, ni les anges dans le ciel, ni le Fils, mais le Père seul. Prenez garde, veillez et priez ; car vous ne savez quand cetemps viendra. Il en sera comme d’un homme qui, partant pour un voyage, laisse sa maison, remet l’autorité à ses serviteurs, indique à chacun sa tâche, et ordonne au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez quand viendra le maître de la maison, ou le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou le matin ; craignez qu’il ne vous trouve endormis, à son arrivée soudaine. Ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez » (Marc 13 :32-37).

Le livre de Daniel révèle le songe de Nebucadnetsar qui nous montre des prophéties qui se sont accomplies pendant des milliers d’années, et qui préparent la scène pour les années à venir. Dans peu de temps, nous verrons apparaître les dix orteils prophétisés, « en partie forts et en partie fragiles ». Mais ce n’est pas la fin de l’Histoire. Nous lisons : « Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d’un autre peuple ; il brisera et détruira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement » (Daniel 2 :44).

Les orteils de fer et d’argile laisseront place au Royaume de Dieu prophétisé. Le modèle babylonien sera remplacé à tout jamais par le gouvernement parfait de Jésus-Christ. Que Dieu hâte ce jour !

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