La voie vers le courant dominant | Le Monde de Demain

La voie vers le courant dominant

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L’année 2025 marque l’anniversaire d’un des événements les plus importants de l’histoire du christianisme dominant.

Jésus-Christ déclara à Ses disciples qu’Il bâtirait Son Église et que les portes de la mort ne prévaudraient pas contre elle. Si nous Le croyons, et c’est notre cas au Monde de Demain, alors cette Église existe quelque part sur la Terre aujourd’hui. Mais où ? Nous comprenons que certains soient désabusés et déconcertés par la multitude de dénominations religieuses aux doctrines et aux pratiques contradictoires. Comment peuvent-elles toutes provenir de la même source ?

Ce numéro du Monde de Demain met en lumière deux voies différentes empruntées par le christianisme au cours des premiers siècles qui firent suite à la résurrection de Jésus-Christ. Il y a 1700 ans, le concile de Nicée s’est réuni pour uniformiser certaines doctrines et il finit par définir la voie du courant dominant, bien que ceux qui l’empruntent ne soient guère en harmonie de nos jours. Ceux qui prennent une voie différente adopteront inévitablement des croyances et des pratiques divergentes, mais ceux qui ne s’alignèrent pas sur le courant dominant furent considérés comme des hérétiques et subirent souvent une grande persécution.

Comme l’explique l’article de M. Smith dans ce numéro, le concile de Nicée fut un événement décisif à cet égard. Il se déroula dans la ville éponyme, située au nord-ouest de l’Asie Mineure (la Turquie actuelle). Six autres « conciles œcuméniques » d’envergure furent organisés au cours des siècles suivants pour déterminer les doctrines qui définiraient le courant dominant. Mon article « L’Église derrière le Monde de Demain » décrit un petit groupe de croyants persécutés qui suivit le chemin le moins populaire. Cependant, toute personne étudiant la Bible devrait savoir que le chemin populaire est rarement, voire jamais, celui qui se termine bien (Matthieu 7 :13-14, 21-23).

Le Rocher du salut

Contrairement à ce qui est souvent enseigné, l’Église bâtie par Jésus ne fut pas fondée sur l’apôtre Pierre, mais sur le Christ Lui-même, comme Il l’a déclaré : « Et moi, je te dis que tu es Pierre [du grec petros signifiant “caillou”], et que sur ce roc [du grec petra signifiant un rocher massif – en référence à Lui-même] je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle » (Matthieu 16 :18). Jésus allait édifier Son Église « sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire » (Éphésiens 2 :20). Oui, ce n’est ni Pierre ni Paul, mais Jésus Lui-même qui est « le rocher de notre salut » (Psaume 95 :1). Il est « la pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient » (Matthieu 21 :42) et « un rocher de scandale » pour ceux qui ne croient pas (1 Pierre 2 :7-8).

Le concile de Nicée fut convoqué par l’empereur romain Constantin afin de résoudre les différends qui avaient surgi au cours des siècles précédents. Son but était d’harmoniser les pratiques et les doctrines chrétiennes, mais son objectif échoua lamentablement. L’unité n’est pas un terme que nous pourrions employer pour décrire la Babylone de confusion qui règne au sein de la religion dite chrétienne. Le concile de Nicée et les suivants définirent le courant dominant, mais que cela signifie-t-il exactement ? En fait, s’agit-il de la bonne question à se poser ?

Puisque le courant dominant ignore les fondements bibliques limpides, devrait-il même nous guider ? Les catholiques romains et les orthodoxes orientaux se tournèrent vers la tradition, les écrits non bibliques, les philosophes païens et les conciles de l’Église pour trouver la vérité, tandis que les réformateurs protestants se tournèrent vers la sola scriptura (l’Écriture seule). Mais ces protestants respectèrent-ils vraiment leur affirmation selon laquelle la Bible et rien que la Bible serait leur guide ? La vérité est que les protestants ont conservé de nombreuses doctrines et pratiques traditionnelles non bibliques transmises par les évêques et les papes du courant dominant qu’ils étaient censés rejeter.

La famille, les amis, les voisins, les collègues et les traditions culturelles exercent une forte influence. Ceux-ci prennent bien souvent le pas sur les faits et sur la vérité. Il est remarquable de constater à quel point peu de chrétiens sont prêts à marcher dans les pas de Celui qu’ils prétendent être leur Maître. Ils Lui substituent des traditions non bibliques transmises de génération en génération. Cela n’a rien de nouveau. Lorsque les pharisiens reprochèrent à Jésus et à Ses disciples de ne pas se laver les mains selon les traditions humaines, nous pouvons ressentir une certaine frustration dans la réponse du Christ :

« Hypocrites, Ésaïe a bien prophétisé sur vous, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes [comme “le lavage des coupes, des cruches et des vases d’airain” mentionné au verset 4]. Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. Il leur dit encore : Vous rejetez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition » (Marc 7 :6-9).

Peu de gens sont prêts à examiner ce qui leur a été enseigné et à se demander honnêtement s’ils suivent des pratiques bibliques ou s’ils observent inconsciemment des coutumes païennes. L’esprit humain est plus intéressé par le fait d’obtenir l’approbation des autres et par la défense orgueilleuse de son ego que par la recherche de la vérité.

Dans les pas de Jésus

Aussi important soit-il, le concile de Nicée n’a pas créé la bifurcation entre ces deux voies. La rupture s’est produite bien plus tôt. Jésus avait prévenu que beaucoup utiliseraient Son nom, reconnaissant même qu’Il serait le Messie prophétisé, mais entraînant leurs membres dans un chemin bien différent de celui qu’Il emprunta (Matthieu 24 :4-5). L’apôtre Paul avertit les anciens d’Éphèse que des séducteurs perfides apparaîtraient, venant à la fois de l’intérieur et de l’extérieur de l’Église.

« Je sais qu’il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau, et qu’il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux. Veillez donc, vous souvenant que, durant trois années, je n’ai cessé nuit et jour d’exhorter avec larmes chacun de vous » (Actes 20 :29-31).

Le christianisme dominant actuel s’est radicalement éloigné de celui du premier siècle, dans presque tous les domaines. Paul résuma la facilité avec laquelle les frères de Corinthe furent séduits sur trois points majeurs : « Toutefois, de même que le serpent séduisit Ève par sa ruse, je crains que vos pensées ne se corrompent et ne se détournent de la simplicité à l’égard de Christ. Car, si quelqu’un vient vous prêcher un autre Jésus que celui que nous avons prêché, ou si vous recevez un autre esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre évangile que celui que vous avez embrassé, vous le supportez fort bien » (2 Corinthiens 11 :3-4).

Jude, un des demi-frères de Jésus, réfuta l’idée hérétique selon laquelle la vérité et la pratique bibliques évolueraient vers une forme supérieure au fil du temps. « Bien-aimés, alors que je désirais vivement vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis senti obligé de vous envoyer cette lettre pour vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 1 :3).

L’éloignement du christianisme originel s’est poursuivi après la mort des apôtres avec les écrits de ceux qui sont désormais considérés comme les « Pères de l’Église ». L’un d’entre eux, Origène, exerça une profonde influence sur les discussions du concile de Nicée. Il cherchait à expliquer les doctrines bibliques à partir d’une perspective imprégnée de philosophie païenne. « La théologie chrétienne grecque continua de se préoccuper du problème auquel Origène s’était attaqué, à savoir la relation entre la philosophie et la tradition chrétienne. »1 Origène était un « platonicien chrétien » dont les idées sur les esprits et le monde matériel avaient été formées d’après l’idéologie de Platon et d’autres philosophes humains.

Cette année marque l’anniversaire d’un des événements les plus importants de l’histoire du christianisme dominant. J’espère que nos articles vous apporteront des informations enrichissantes.

1 Eerdmans’ Handbook to the History of Christianity, 1977, p. 104

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