Une chute de la natalité suite à la pandémie | Le Monde de Demain

Une chute de la natalité suite à la pandémie

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Le Canada et d’autres nations affrontent d’énormes défis démographiques, mais ils agissent comme si de rien n’était. Ces problèmes ne peuvent pas être ignorés indéfiniment.

Alors que le monde s’était refermé sur lui-même afin « d’aplatir la courbe », beaucoup avaient prévu que, 9 mois plus tard, nos hôpitaux atteindraient leur capacité maximale de la meilleure des façons, en raison d’une explosion des naissances engendrée par le confinement. La logique était que le temps passé à être enfermé avec son ou sa partenaire engendrerait un pic de naissances. Mais les chiffres sont là et le « baby-boom » annoncé est un fiasco total.

La plupart du monde développé est au bord d’une catastrophe démographique depuis plusieurs décennies, alors que les taux de natalité ont atteint des niveaux extrêmement bas. Le niveau de remplacement de la population est souvent estimé à 2,1 enfants par femme. Il s’agit du nombre moyen d’enfants que chaque femme doit mettre au monde afin de maintenir la population d’une nation. En dessous de ce seuil, la population diminue, à moins qu’elle ne soit relancée par un afflux migratoire. Une nation ne peut pas se soustraire à sa démographie. Les effets peuvent être limités pendant quelque temps, mais en fin de compte ces chiffres auront des conséquences et ils doivent être pris en charge.

En 2019, il manquait presque « un demi-enfant » par femme au Canada, avec un taux de natalité de 1,47. Les démographes ont signalé qu’il fallait un regain de naissances. Cela pourrait devenir l’aspect positif des défis liés à la pandémie et inverser la tendance de notre déclin démographique. Le problème ne peut pas être résolu en une seule année, avec un bref pic de naissances, mais un regain de natalité lié à la pandémie aurait pu donner une impulsion dans la bonne direction. Malheureusement, c’est le scénario opposé qui s’est produit et nous avons assisté à une chute encore plus grande de la natalité.

Une crise rampante

En 2006, Mark Steyn avait tiré la sonnette d’alarme dans l’hebdomadaire Maclean’s :

« La caractéristique marquante de l’Europe, du Canada, du Japon et de la Russie est qu’ils manquent de bébés. Le monde développé assiste à une des évolutions démographiques les plus rapides de l’Histoire […] Le déclin démographique et l’insoutenabilité de l’État social-démocrate sont étroitement liés. »1

Le problème n’est pas apparu du jour au lendemain. Statistique Canada montre qu’il s’est développé depuis plusieurs décennies :

« Malgré certaines fluctuations, l’indice synthétique de fécondité au Canada est resté inférieur au seuil de renouvellement des générations depuis plus de 40 ans. En fait, c’est en 1971 que le seuil de renouvellement de 2,1 a été atteint pour la dernière fois, c’est-à-dire que les couples produisaient, en moyenne, suffisamment d’enfants pour se remplacer. »2

Ce problème a été exacerbé par les énormes dettes que les nations ont accumulées dans leur combat contre les effets de la pandémie actuelle. La dette d’une nation est souvent décrite comme un fardeau pesant sur les générations suivantes. Les ramifications de l’augmentation de la dette sont encore amplifiées lorsqu’un pourcentage de la population prend sa retraite mais n’est pas remplacé par un nombre suffisant de jeunes entrant sur le marché du travail. Le montant de la dette augmente alors considérablement pour chaque travailleur.

Des berceaux vides ?

La population canadienne n’a pas augmenté pendant la pandémie, elle a même baissé significativement, jusqu’à atteindre son niveau le plus bas depuis 1946. Selon CBC/Radio-Canada, au lieu de saisir cette opportunité pour démarrer ou agrandir leur famille, de nombreux Canadiens ont préféré adopter un animal domestique. Aussi loyaux et mignons soient-ils, ces chiots et ces chatons ne pallieront pas le manque de main-d’œuvre dans le pays.

Pourquoi le confinement n’a-t-il pas engendré un regain de naissances ? Pour beaucoup de foyers, les finances sont un facteur important, ainsi que les incertitudes de notre époque. Le National Post a rapporté un changement de comportement intéressant observé pendant la pandémie :

« La société Stix, [commercialisant] des tests d’ovulation et de grossesse, a découvert dans une enquête limitée que 56% des clientes qui avaient acheté des tests pendant les mois de mars et avril 2020 essayaient de ne pas tomber enceintes, par rapport à l’époque pré-Covid, lorsque la majorité essaient de démarrer ou d’agrandir leur famille. »3

Les États-Unis sont une des rares nations occidentales à avoir maintenu un taux de natalité positif au cours des dernières décennies, mais la pandémie a aussi affecté le taux de natalité dans ce pays. Le Brookings Institution rapporte qu’il y a eu une baisse de 300.000 à 500.000 naissances en 2021 par rapport à 2020.

Cette bombe à retardement de la démographie n’est pas exclusive à l’Occident. La Chine, la nation la plus nombreuse sur la planète, découvre aussi les dangers de la baisse du taux des naissances.

« Les analystes estiment que la population active du pays va perdre 35 millions de travailleurs au cours des 5 prochaines années et que, pendant la même période, le nombre de citoyens éligibles à la retraite va bondir à plus de 300 millions. Cela représente presque la population entière des États-Unis. »4

En 2016, la Chine a mis fin à sa politique de l’enfant unique, en place depuis des décennies, pour une limite à deux enfants. Mais ce changement n’a pas conduit à une augmentation suffisante des naissances, aussi la limite a-t-elle récemment été relevée à trois enfants.

Les nations qui affrontent un effondrement démographique devront gérer le problème d’une manière ou d’une autre au moyen de décisions politiques. Historiquement, l’immigration légale a aidé à soutenir la croissance de la population dans les pays occidentaux, mais celle-ci a fortement diminué pendant la pandémie, à cause des restrictions de voyage – alors même que l’immigration illégale a stagné ou a augmenté. Les politiques migratoires peuvent devenir un sujet extrêmement politique et le déclin des taux de natalité ne fera qu’exacerber les tensions sur un sujet déjà complexe et conflictuel. Il est certain que le changement démographique sera une force motrice derrière les décisions politiques sur l’immigration, les dépenses et la taxation dans les années à venir.

Y a-t-il de l’espoir ?

Le prophète Osée fut inspiré à décrire ce que nous voyons se dérouler actuellement dans le monde occidental. Le patriarche Jacob avait douze fils et l’un d’entre eux, Joseph, reçut une plus grande bénédiction qui fut transmise à ses fils Éphraïm et Manassé. Le Monde de Demain a depuis longtemps identifié les descendants actuels de Manassé comme étant les États-Unis et ceux d’Éphraïm comme étant les peuples d’origine britannique, dont l’Angleterre, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. C’est en s’adressant directement aux descendants d’Éphraïm à la fin des temps qu’Osée a écrit : « Des étrangers consument sa force, et il ne s’en doute pas ; la vieillesse s’empare de lui, et il ne s’en doute pas » (Osée 7 :9).

Le Canada et d’autres nations affrontent d’énormes défis démographiques, mais ils agissent comme si de rien n’était. Ces problèmes ne peuvent pas être ignorés et ils définiront les décisions politiques et les actions gouvernementales au fur et à mesure que leurs effets se feront sentir.

1 “The future belongs to Islam”, Maclean’s, 20 octobre 2006
2Fécondité : moins d'enfants, mères plus âgées”, Statistique Canada, 17 mai 2018
3 “The baby bust is here : Birth rates are falling despite our close quarters”, National Post, 8 mars 2021
4 “China to Raise Retirement Age to Offset Funding Shortfall”, VOA News, 17 mars 2021

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