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L’Holocauste: plus jamais?

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Le régime violent de l’Allemagne nazie appartient au passé, mais sa mentalité génocidaire perdure. Disparaîtra-t-elle un jour ?

Chaque 27 janvier, les gens se souviennent de la libération du camp de la mort d’Auschwitz en 1945, pendant les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale. Le complexe d’Auschwitz était le plus grand des six camps de la mort qui, ensemble, mirent en application une politique effroyable que les dirigeants nazis de l’Allemagne appelèrent « la solution finale » – une tentative d’exterminer toute la population juive d’Europe. Cette politique, au cœur de la vision d’Adolf Hitler pour l’Allemagne, avait été implémentée trois ans plus tôt, le 20 janvier 1942 au cours de la désormais célèbre conférence de Wannsee (d’après le nom de la banlieue berlinoise où elle eut lieu), il y a 80 ans cette année.

La mise en œuvre des politiques de la conférence de Wannsee marqua le point culminant des trois ans du génocide perpétré par Hitler, au cours de ses 12 années de terreur (1933-1945). Selon les estimations, cette période vit le massacre délibéré de plus de 10 millions de civils innocents dans les territoires contrôlés par l’Allemagne, dont six millions de Juifs. Cette tuerie de masse des Juifs d’Europe a été appelée « Holocauste » en français – dérivé du grec holokauston qui est la traduction de l’hébreu olah (“sacrifice consumé par le feu”) – ou Shoah en hébreu, qui signifie « catastrophe ». En songeant à la Seconde Guerre mondiale, il nous arrive parfois d’oublier la géopolitique et de nous focaliser sur le fait d’avoir débarrassé le monde du fléau du nazisme et de son idéologie meurtrière de la supériorité raciale.

L’industrialisation de la mort

Les nazis conçurent Auschwitz comme la destination finale pour la majorité des Juifs provenant de toute l’Europe. Sur place, des chambres à gaz modernisées et agrandies tuaient les captifs à une échelle industrielle, atteignant la capacité maximale de 6000 morts par jour. Dans la plus cruelle des ironies, Auschwitz se présentait comme un « camp de travail » avec son célèbre portique d’entrée affichant ARBEIT MACHT FREI (Le travail rend libre). Cependant, le fait de passer sous cette inscription signifiait l’esclavage et la mort pour la plupart des détenus.

Lorsque la guerre se termina, le monde abasourdi arrivait à peine à croire ce qui avait eu lieu dans les territoires européens contrôlés par l’Allemagne. En voyant l’énormité de la situation et en comprenant qu’il n’y avait pas de mots pour la décrire, Winston Churchill s’y référa comme « un crime sans nom ». Ensuite, le mot génocide fut créé par un avocat polonais qui avait échappé à l’Holocauste, du grec geno (“tribu”) et du latin cide (“massacre”). Ce fut une véritable industrialisation de la mort. Une extermination bureaucratisée, ordonnée et brutale uniquement justifiée par l’identité des victimes, qu’elles soient juives, témoins de Jéhovah ou appartenant à toute autre minorité visée par cette politique d’extinction.

La mentalité de l’Holocauste

L’expression « Plus jamais ! » nous exhorte à ne jamais laisser l’humanité sombrer à nouveau dans de telles profondeurs de violente dépravation. Et nous pouvons être reconnaissants pour les forces, avec l’intervention divine, qui ont combattu en Europe, dans les affres du désespoir, pour sauver des millions d’autres personnes d’une mort horrible. Il semble inconcevable que notre monde puisse vivre un autre Holocauste. Mais nous ne devrions pas en être si sûrs ! L’Holocauste appartient au passé, mais la « mentalité de l’Holocauste » n’a pas disparu, comme en témoigne les violences horribles qui ont frappé des pays comme le Cambodge ou le Rwanda. En comprenant cette mentalité dans le passé, nous pourrons mieux la reconnaître à l’avenir, tout au moins ses signes avant-coureurs qui sont déjà visibles de nos jours.

Pourquoi Adolf Hitler et ses partisans adoptèrent-ils ce mode de pensée ? Quels facteurs contribuèrent au développement et à la « réussite » de leur mentalité ? Voyons-nous les éléments d’une telle pensée aujourd’hui ? Et plus important, que déclare Dieu à ce sujet dans les pages de la Bible ?

D’après cette perspective, que nous réserve l’avenir ? Verrons-nous un autre Holocauste dans les années à venir ? Préparons-nous le terrain dès maintenant ? Ce qui va suivre pourraient bien vous choquer au plus profond de vous-même.

Voici un indice provenant d’un survivant de l’Holocauste. Primo Levi, un chimiste et écrivain italien qui passa une année à Auschwitz, a écrit : « C’est arrivé, cela peut donc arriver de nouveau : tel est le noyau de ce que nous avons à dire. Cela peut se passer, et partout. »1 Il écrivit également dans une préface en 1968 : « Auschwitz est hors de nous, et cependant autour de nous, dans l’air. La peste s’est éteinte, mais l’infection court, il serait stupide de le nier. »2

L’anatomie du génocide

La politique génocidaire d’Hitler n’aurait pas dû être une surprise. Dans son livre Mein Kampf (“Mon combat”), l’antisémitisme était son idéologie politique déterminante. Il y fulminait contre les Juifs, en tant qu’ennemis de l’Allemagne. Il se présentait comme une figure semblable au Messie qui, seul, serait capable de fournir un leadership qui pourrait « sauver » la nation allemande.

L’antisémitisme nazi essaya d’empreindre de modernité l’antisémitisme antique et de l’emmener vers de nouvelles profondeurs. Selon l’idéologie nazie, les Juifs n’étaient pas de simples ennemis, ils étaient des sous-hommes, souvent qualifiés de « vermine », qui empêcheraient l’ascension de l’Allemagne, à moins qu’ils ne soient détruits. De nos jours, peu de gens se rendent compte que la haine raciale au cœur de l’idéologie nazie était basée sur la théorie de l’évolution. Puisque la vie se serait développée selon le principe de la survie du plus fort, comme Charles Darwin l’écrivit en 1859 dans L’origine des espèces, ils se dirent que les êtres humains les plus forts étaient les dirigeants naturels de la société, sans avoir besoin d’un Dieu qui était absent du processus évolutif. À la fin du 19ème siècle, le philosophe allemand Friedrich Nietzsche avait d’ailleurs proclamé cette affirmation célèbre : « Dieu est mort. »

Sans Dieu, l’humanité n’est plus responsable de ses péchés. En fait, il n’y a même plus de péchés ! L’historien Martin Gilbert a rapporté les paroles puissantes d’Hugo Gryn, un survivant d’Auschwitz : 

« Si vous prenez les Dix Commandements, le tout premier commence par : “Je suis le Seigneur, ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte” ; ici, vous avez des gens [l’Allemagne nazie] qui se sont eux-mêmes établis Dieu, pour être maîtres sur la vie et sur la mort, et qui vous ont emmenés en Égypte […] Autrement dit, vous avez ici une déclaration de l’inverse même de tout ce que la civilisation construisait jusqu’alors […] C’était un déni de Dieu. C’était un déni de l’homme. C’était la destruction du monde en miniature. »3

Non seulement le nazisme proposa l’inverse maléfique des Dix Commandements, mais il fournit sa propre vision millénaire. En cherchant ce qu’il appelait un Lebensraum (“espace vital”) pour l’Allemagne, Hitler envisageait un règne nazi dominant l’Europe, puis le monde, en subjuguant toutes les nations au contrôle allemand. De nos jours, peu de gens se souviennent qu’Heinrich Himmler, l’architecte de la « solution finale », prévoyait qu’Auschwitz devienne une « ville modèle » pour les Allemands migrant vers l’est après la guerre. Des milliers d’entre eux y auraient vécu dans un environnement utopiste méticuleusement planifié. Il y aurait eu de magnifiques bâtiments, des routes, des parcs et des usines.

Mais la main d’œuvre pour bâtir et maintenir tout cela aurait été le travail forcé fourni par les peuples assujettis et retenus dans des camps de travail tout proches. Le rêve nazi d’un « Reich millénaire » aurait été construit au travers d’un processus d’unification du peuple allemand dans un but commun, tout en les désensibilisant du mal nécessaire pour atteindre ce but. Martin Gilbert décrivit comment cet objectif devait être atteint :

« C’était un processus qui dépendait de stimulation de haines historiques et d’anciens préjudices, ainsi que de la coopération ou du consentement de différentes forces : l’industrie, la science et la médecine, le service civil et la bureaucratie, ainsi que les mécanismes et les canaux de communication les plus modernes. Cela dépendait aussi des collaborateurs dans les pays situés au-delà des frontières allemandes ; et cela dépendait par-dessus tout, comme un survivant l’a remarqué, “de l’indifférence des observateurs dans chaque pays”. »4

Cela remonte à 80 ans, mais vous rendez-vous compte que de tels raisonnements n’ont jamais vraiment disparu après la Seconde Guerre mondiale ? C’est en grande partie inhérent à la nature humaine et, en premier lieu, cela fut importé depuis l’extérieur de l’Allemagne. Lorsque nous observons le monde environnant de nos jours, pouvons-nous nier que nous voyons des individus prêts à collaborer avec le mal lorsqu’ils pensent qu’ils pourraient en tirer des bénéfices personnels, tout en restant immunisés aux conséquences ? Pouvons-nous nier à quel point il est facile de consentir au mal ou simplement de détourner le regard ?

La Bible et la réponse ultime

Nous avons vu que le nazisme – l’idéologie qui apporta l’Holocauste et qui bâtit Auschwitz pour mettre en œuvre sa « solution finale » maléfique – était de bien des manières une contrefaçon satanique. Alors que le Dieu de la Bible avait sélectionné les Juifs pour montrer les bénédictions de Ses lois et de Ses voies, le nazisme les avait sélectionnés pour la persécution et la mort. Alors que Dieu avait promis une paix utopique à ceux qui Lui obéiraient, le nazisme mit en place des camps de la mort dystopiques qui furent le théâtre d’une violence et d’une souffrance inouïes pour ceux qui en furent victimes.

Notre monde verra-t-il à nouveau une telle méchanceté ? Et verrons-nous un jour une époque de paix véritable ? La Bible annonce qu’à la fin de notre ère, une période de trouble ou de « tribulation » sans précédent submergera notre monde et l’amènera au bord du précipice. L’Holocauste apporta la terreur en Europe ; la tribulation à venir apportera un holocauste qui affectera la planète tout entière. Des milliards de gens mourront de la guerre, des maladies et de la famine qui ravageront la Terre, sous l’autorité d’un gouvernement impie à venir qui persécutera le peuple de Dieu et qui qualifiera le mal de bien. Cette époque est représentée dans la Bible par la chevauchée des quatre cavaliers de l’Apocalypse (chapitre 6 :1-8).

Pendant leur chevauchée, notre monde assistera à l’ascension d’une autre dystopie totalitaire qui émergera en Europe, il s’agira de la dernière résurgence prophétisée de l’Empire romain. Alors qu’Hitler ne réussit pas à étendre son influence au-delà de l’Europe, ce dictateur à venir soumettra le monde entier (Apocalypse 17 :8). Son système brutal sera inspiré par Satan, le dieu de ce siècle (2 Corinthiens 4 :4). Il reflètera le caractère de son perpétrateur : le mensonge (Jean 8 :44), la séduction (Apocalypse 12 :9), la propagande, l’esclavage et la violence (Ésaïe 14 :12-15 ; Ézéchiel 28 :14-16). La situation se dégradera tellement que seul le retour du Messie permettra d’empêcher l’annihilation de l’humanité (Matthieu 24 :21-22). Heureusement, le Christ reviendra pour écraser cette rébellion contre Dieu et pour la détruire (Apocalypse 17 :14).

Mais d’ici-là, Satan fera tout son possible pour contrecarrer la volonté de Dieu et tenter de détruire Son peuple (Apocalypse 12 :12). Cependant, Dieu détient Sa propre réponse pour cet esprit maléfique qui a passé des millénaires à encourager l’humanité au mal. Satan et ses démons seront enchaînés et enfermés sans aucune possibilité d’interférer lorsque le gouvernement de Dieu régnera sur cette Terre (Apocalypse 20 :1-3).

Huit décennies après que des antisémites influencés par Satan mirent en application un plan pour éliminer les Juifs de ce monde, nous voyons que les forces du mal sont toujours à l’œuvre de bien des manières, cherchant à confondre, à corrompre et à contrôler la société humaine. Dans un monde de séduction et d’anarchie, nous attendons avec anticipation le jour où Dieu annoncera à nouveau Sa présence au monde, comme Il le fit à Moïse : « Et l’Éternel passa devant lui, et cria, l’Éternel, l’Éternel ! Dieu, miséricordieux et faisant grâce, lent à la colère, et grand en bonté et en vérité » (Exode 34 :6, Darby).

1 Les naufragés et les rescapés, Primo Levi, éditions Gallimard, page 196, traduction André Maugé
2 L’asymétrie et la vie, Primo Levi, éditions Laffont, page 62, traduction Nathalie Bauer
3 The Holocaust : The Human Tragedy, Martin Gilbert, page 826
4 Ibid., page 18

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