Quel avenir pour Jérusalem? | Le Monde de Demain

Quel avenir pour Jérusalem?

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Alors que l’État d’Israël a passé le cap des 75 ans en tant que nation moderne, son avenir semble incertain, mais les prophéties bibliques révèlent quel camp l’emportera.

En avril 2023, Israël a célébré son 75ème anniversaire en tant que nation moderne indépendante. Lors de son 50ème anniversaire, en 1998, l’auteur britannique Paul Johnson l’avait classée comme la nation la plus significative parmi la centaine de pays à s’être formés au cours du 20ème siècle, écrivant que l’établissement d’Israël relevait du miracle, contrairement aux autres nations. Pour mettre les choses en perspective, l’État d’Israël existe depuis 75 ans, alors que l’Union soviétique s’est effondrée après 74 années d’existence.

Cependant, le 75ème anniversaire n’a pas été accueilli avec la même exubérance que le 50ème. Depuis janvier 2023, des manifestations régulières ont été organisées dans plusieurs villes israéliennes, soit en soutien soit en opposition au gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahou, mais les médias accordent une plus grande couverture aux actions contre le gouvernement. Il est remarquable de noter que les manifestations se sont déroulées sans violence particulière ni dégâts matériels, comme en témoigne le grand nombre de drapeaux israéliens utilisés par les manifestants des deux camps. La base des manifestations est liée à l’avenir d’Israël dans les 75 prochaines années.

La cause de ces manifestations est une réforme juridique voulue par le gouvernement de coalition de Netanyahou. Depuis la nomination d’Aharon Barak au poste de président de la Cour suprême, en 1995, celle-ci est devenue activiste au point de déclarer illégale la législation du parlement (la Knesset). Netanyahou a cherché à obtenir des réformes judiciaires qui donneraient à la Knesset un droit de veto sur les décisions de la Cour suprême et réduiraient l’influence des juges et des avocats non élus sur la nomination des nouveaux juges.

Mais pourquoi vouloir modifier ce système puisqu’il a fonctionné pendant des décennies ? Alors que de nombreuses nations dans le monde ont cherché à émuler le rôle de la Cour suprême, les religieux en Israël se sentent lésés par la façon dont ils ont été traités par la Cour suprême et l’élite laïque. Les réformes de Netanyahou visent à consacrer le pouvoir de la Knesset d’annuler les décisions de la Cour suprême et d’exercer une plus grande influence sur la nomination des juges qui y siègent.

Une crise des identités politiques et religieuses

Pour comprendre le désir de changement de Netanyahou, il faut remonter à la création de l’État d’Israël en 1948. Celui-ci fut créé en tant que nation sur la base des concepts légaux européens modernes. Il devait s’agir d’un État laïc, gouverné par la Knesset, et non d’un État religieux. La religion devait être soumise au gouvernement, tout comme le gouvernement britannique encadre l’Église d’Angleterre. Le Premier ministre britannique approuve toutes les nominations importantes de cette Église avant qu’elles ne soient ratifiées par le monarque, qui en est son dirigeant.

David Ben-Gourion, le premier Premier ministre d’Israël, souhaitait que les citoyens suivent l’exemple des Sabras – ces Israéliens de souche, robustes, qui travaillaient la terre et contribuaient à son industrie – plutôt que d’imiter les Juifs religieux se consacrant à l’étude des Écritures, comme tant d’autres qui avaient péri au cours de l’Holocauste en Europe. La religion était néanmoins autorisée et il était prévu que le rabbinat supervise l’immigration et les mariages.

Au cours des premières années, cette situation était acceptable pour la majorité, mais des changements affectèrent profondément la nation. Les Israéliens ont largement déserté le parti travailliste de gauche fondé par Ben-Gourion, pour se déplacer vers la droite de l’échiquier politique. Si des élections avaient lieu aujourd’hui en Israël, certains estiment que le parti travailliste ne remporterait aucun siège. Le Premier ministre actuel, Benyamin Netanyahou, membre du Likoud conservateur, est le Premier ministre israélien ayant le plus d’ancienneté. Il a occupé ce poste à trois reprises depuis le premier gouvernement du Likoud, sous Menahem Begin, en 1977. Mais qu’ils soient de droite ou de gauche, tous les Premiers ministres israéliens, de David Ben-Gourion à Benyamin Netanyahou, ont été laïcs.

Si le virage à droite de la politique israélienne peut être attribué en partie au succès économique des politiques du Likoud, un changement encore plus important est en train de transformer la démographie du pays, puisque le nombre de Juifs Mizrahi, largement religieux (qui ont leurs racines dans les nations musulmanes voisines plutôt qu’en Europe) augmente et devient une force politique avec laquelle il faut compter électoralement, aux côtés des Falashas d’Éthiopie et des Haredim (religieux orthodoxes).

Il convient également de noter que le terme laïc a une signification nuancée en Israël, qui n’est pas entièrement irréligieuse, comme c’est le cas en Occident. Bien que la politique et la philosophie régissent la vie des laïcs, de nombreux Israéliens laïcs observent des fêtes religieuses telles que la Pâque ou le Yom Kippour, mais dans un but de commémoration plutôt que comme un mode de vie. On peut le constater dans la manière dont la ville de Tel-Aviv a adopté les politiques relatives à l’identité sexuelle et au genre. Le célèbre écrivain et universitaire Yossi Klein Halevi a résumé cette position laïque en écrivant :

« Ma vie juive est religieuse ; ma vie israélienne est laïque. Je célèbre l’État laïc qui nous a ramenés chez nous et nous a appris à nous protéger, qui nous a aidés à guérir en tant que peuple après l’Holocauste et qui a sorti les communautés juives d’un Moyen-Orient de plus en plus dangereux et dysfonctionnel. »1

En revanche, la religion contrôle la vie de la plupart des Juifs Mizrahi et de l’ensemble de la communauté hassidique. Pour eux, les philosophies laïques du moment ne sont qu’une mode passagère et n’ont aucune importance à leurs yeux.

Ces dernières années, les petits partis politiques religieux, qui tendent à se situer à droite de l’échiquier politique, sont devenus décisifs dans la formation des gouvernements israéliens. Comme d’autres Premiers ministres récents, Netanyahou s’appuie sur eux pour obtenir la majorité à la Knesset. Certains estiment ainsi que ce Premier ministre laïc dirige aujourd’hui le premier « Parlement orthodoxe » d’Israël.

Les réformes judiciaires, dont la première a été adoptée le 24 juillet, constituent donc un test décisif pour l’orientation politique d’Israël : la nation doit-elle être laïque ou religieuse ? Cette bataille se déroule dans les rues de Tel-Aviv et de Jérusalem, mais elle se jouera bientôt devant la Cour suprême qui a accepté, le 28 juillet dernier, d’examiner un recours en justice visant à déterminer si elle juge raisonnable la nouvelle législation adoptée par la Knesset.

Israël s’apprête ainsi à vivre une crise constitutionnelle. Les actions menées dans les rues et à la Cour suprême vont-elles déchirer la nation et provoquer sa chute ? La crise est sérieuse et la rhétorique opposée au changement est enflammée, au point que certains réservistes de l’armée (les Forces de défense d’Israël) ont publiquement déclaré qu’ils ne se présenteraient pas à l’entraînement.

Cela marquera-t-il la fin d’Israël ? Ceux d’entre nous qui étudient la prophétie comprennent le sens de la création de l’État moderne d’Israël, en 1948, à partir des pages d’un livre ancien, la Sainte Bible. Elle indique clairement qu’un État juif constituera une force de combat considérable au moment du retour de Jésus-Christ (Zacharie 12 :1-14) et que Jérusalem sera une poudrière dans les années à venir.

Le mont du Temple

À l’époque de la création de l’État moderne et laïc d’Israël, le mont du Temple ne présentait pas d’intérêt immédiat. Il était aux mains des Jordaniens. Les préoccupations juives concernaient l’emplacement du Saint des Saints et le désir d’empêcher les gens de marcher sur ce lieu sacré (et donc de le souiller). En tant que Premier ministre, Ben-Gourion était satisfait de voir le mont du Temple sous le contrôle du gouvernement jordanien. Israël avait suffisamment de problèmes à gérer pour assurer sa survie.

En juin 1967, lors de la guerre des Six Jours, les forces juives reprirent possession de Jérusalem et du mont du Temple. Le général Moshe Dayan, chef des forces israéliennes et figure emblématique de la société israélienne, voyant le drapeau israélien hissé sur le dôme du Rocher après la prise du mont du Temple par son armée, ordonna qu’on le retire en déclarant : « Pourquoi ai-je besoin de ce Vatican ? » Sa remarque reflétait sa vision laïque, en particulier son rejet pour toute forme de religion rituelle, ne tenant aucun compte de l’importance du mont du Temple dans les prières des juifs pratiquants du monde entier. Comme l’a écrit un observateur :

« Dayan considérait à l’époque, et des années plus tard lorsqu’il exprima ses pensées par écrit, que puisque le mont était une “mosquée musulmane de prière”, alors ce n’était qu’un “site historique de commémoration du passé” pour les juifs […] il ne fallait pas empêcher les Arabes de s’y comporter comme ils le font maintenant et reconnaître leur droit de contrôler le site, en tant que musulmans. »2

La déclaration de Dayan encouragea le concept palestinien de la « négation du Temple », selon lequel les Juifs n’auraient jamais vécu en Israël et le temple n’aurait jamais existé. En agissant de la sorte, Dayan légitima un statu quo sur les lieux saints, qui remontait à la domination mamelouke au 13ème siècle. De nos jours, le mont du Temple reste sous le contrôle du Waqf jordanien. Mais le fait d’interdire aux Israéliens d’accéder au mont du Temple, et surtout d’y prier, est remise en question par les juifs orthodoxes – le mur des Lamentations est la seule partie du site où ils peuvent actuellement prier.3

La police israélienne patrouille sur le mont du Temple, armée de caméras de surveillance, pour interpeller les juifs qui y prient. Elle peut juger sur place tout juif surpris en train de prier. Malgré cela, un nombre croissant de juifs ignorent ces restrictions et se rendent sur le mont du Temple pour prier. La Journée de Jérusalem, qui commémore chaque année la prise de Jérusalem et du mont du Temple en 1967, attire des milliers de juifs sur le site. Le désir de prier le plus près possible de l’emplacement du temple est une motivation puissante pour les Juifs religieux. Les archéologues s’accordent largement à propos de l’emplacement du temple sur les 37 hectares du mont du Temple. Beaucoup ne craignent pas d’enfreindre les règles de pureté évoquées par les rabbins lors de la création de l’État. Aujourd’hui, certains Israéliens proposent sur les réseaux sociaux d’ajouter à leurs propres prières sur le mont du Temple des demandes de prières pour d’autres coreligionnaires. Cela reflète l’augmentation de la spiritualité juive constatée ces dernières années.

Un appel à la prière ou un appel à la guerre ?

Si les juifs prient ouvertement sur le mont du Temple, malgré la perspective de sanctions, qu’en sera-t-il à l’avenir ? En visitant le mont du Temple pour commémorer le jeûne de Tisha Beav et la destruction du premier et du second temple, Itamar Ben-Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale, a déclaré que son pays devait « afficher son autorité » sur le site. Malgré l’opposition musulmane à sa visite, les médias ont rapporté les déclarations de Ben-Gvir disant que le site du temple est « le lieu le plus important pour le peuple d’Israël. Nous devons y retourner et y afficher notre autorité. »4

Pourquoi est-ce important pour nous en termes de prophétie ? Car la Bible indique que les partis religieux finiront par remporter la bataille, même si cela n’aura pas forcément lieu aujourd’hui, la semaine ou l’année prochaine.

Pourquoi sommes-nous si certains de cette victoire ? Car les dirigeants laïcs n’autoriseront jamais les sacrifices au mont du Temple, or la Bible nous dit que ceux-ci reprendront pour une courte durée avant la fin de notre ère.

Si vous doutez de ce point de vue du monde séculier, songez aux sensibilités européennes à l’égard de l’abattage casher et halal des animaux. Les gouvernements séculiers cherchent souvent à interdire ces pratiques. Les autorités locales de certains pays européens ont déjà le pouvoir de les interdire. Une fois cette bataille remportée, la circoncision sera probablement la suivante – l’Islande a déjà tenté d’interdire cette pratique en 2018. Les symboles religieux, qu’il s’agisse de l’abattage casher, de la circoncision ou des sacrifices d’animaux ne sont pas acceptables dans une société laïque. Les gouvernements israéliens successifs ont autorisé la circoncision et l’abattage casher en tant qu’éléments essentiels de l’identité juive, mais ont toujours bloqué les initiatives visant à réintroduire les sacrifices.

Pourtant, la Bible est explicite à ce sujet. Elle utilise même l’arrêt forcé des sacrifices comme une étape essentielle dans les événements conduisant au retour de Jésus-Christ sur le mont des Oliviers, qui se trouve à l’est de Jérusalem, face au mont du Temple (Daniel 8 :8-14 ; 12 :11). Le livre de Daniel décrit la reprise des sacrifices et annonce qu’ils seront suspendus par le roi du Nord, un personnage important de la fin des temps qui fera la guerre au roi du Sud, dans la région du Moyen-Orient (Daniel 11 :29-40).

Daniel nous dit que ce sera une période très difficile. L’agitation qui règne aujourd’hui en Israël n’est que l’ombre des choses à venir. Après ces événements, Jésus-Christ reviendra établir Son gouvernement sur toutes les nations du monde.

Une pierre d’achoppement pour toutes les nations

Un gouvernement israélien autorisant les sacrifices au mont du Temple ne sera pas contrôlé par des forces laïques. Il sera profondément religieux. L’État d’Israël est en train de décider quel type de nation il souhaite devenir. Le fait que des médecins et d’autres professionnels parlent ouvertement de quitter l’État d’Israël montre qu’ils comprennent la profondeur des changements en cours dans leur pays.

Des groupes israéliens se préparent actuellement à réintroduire les sacrifices. Ils disposent des matériaux nécessaires à la construction d’un autel, ainsi que des vêtements et des ustensiles permettant au sacerdoce de procéder aux sacrifices. Ils attendent avec impatience la disponibilité d’une génisse rousse à sacrifier pour la purification du sacerdoce et des sacrificateurs (Nombres 19).

L’État d’Israël actuel présente un contraste frappant entre différents modes de vie. La bataille actuelle déterminera la nature de la nation dans les années à venir : religieuse ou laïque, suivant un mode de vie basé sur la Torah ou acceptant les styles de vie postmodernes libérés à propos de l’expression sexuelle et du genre. Ces deux modes de vie sont incompatibles. Un conflit est inévitable. Continuez à lire cette revue pour savoir ce que la Bible prophétise pour les nations du Moyen-Orient – et pour Israël en particulier.

1 Times of Israel, 28 juillet 2023
2 “Moshe Dayan’s Tragic Blunder”, Commentary, février 2023
3 “The History of the Temple Mount Status Quo…”, Mosaic, 11 août 2022
4 “Muslim countries condemn Ben-Gvir’s ‘storming’ of Temple Mount”, Jewish News, 27 juillet 2023

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