Christophe Colomb: entre réalité et fiction

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Fut-il le premier mondialiste, opprimant et pillant les Amérindiens, ou l’étincelle qui déclencha une nouvelle ère de croissance dans le monde, voire un peu des deux ?

Lorsque vous étiez à l’école, vous avez probablement appris l’histoire de Christophe Colomb pendant les cours d’histoire ou de géographie, souvent présenté comme un découvreur intrépide de nouvelles terres, un noble pionnier. Il était assurément populaire.

Aux États-Unis d’Amérique, le Jour de Christophe Colomb a régulièrement été célébré depuis le milieu du 19e siècle, avant de devenir un jour férié officiel en 1971. Pour des millions d’Américains d’origine italienne, ce jour reste une source de fierté ethnique, bien que l’Italie ne fusse pas unifiée avant 1861. Christophe Colomb navigua en tant que citoyen de la cité-État de Gênes. Ces dernières années, de nombreuses personnes qui déplorent les voyages de Christophe Colomb ont commencé à célébrer ce jour-là comme la Journée des peuples autochtones. Cette célébration a vu le jour en 1992 à Berkeley, en Californie, et elle a rapidement gagné en popularité dans tout le pays.

Beaucoup choisissent de célébrer soit l’un soit l’autre et quelques rares individus célèbrent les deux. Mais que célèbrent-ils exactement, et pourquoi ?

De fausses nouvelles ?

Ceux qui suivent l’actualité ont immanquablement entendu parler de l’expression « fausses nouvelles » ou « fake news ». Certaines sont absolument ridicules, comme un candidat politique « mangeant des bébés » tandis qu’un autre serait « un reptile extraterrestre déguisé en humain ». Cependant, la plupart des fausses informations sont beaucoup plus subtiles, jouant sur la peur et l’ignorance des gens dans l’espoir cynique de les manipuler pour qu’ils soutiennent une cause ou une autre.

Ce phénomène n’est pas nouveau. Ceux qui étudient la Bible savent que les dirigeants corrompus de la communauté juive de Jérusalem répandirent de fausses informations à propos de Jésus-Christ, avec l’aide des gardes romains qui se rendirent complices de la calomnie du Logos fait chair (voir Matthieu 26 :59-61 ; 28 :11-15).

Les fausses informations peuvent faire d’un homme ordinaire un héros ou transformer un ancien héros en méchant. Elles peuvent également être versatiles ; il suffit de voir comment Elon Musk a oscillé entre le statut de héros et celui de méchant dans l’opinion publique. Nous pouvons également le constater dans la manière dont l’Histoire a traité Christophe Colomb. Fut-il le premier mondialiste, cherchant à opprimer les Amérindiens et à leur voler leurs richesses ? Ou fut-il l’étincelle qui déclencha une nouvelle ère de richesse et de croissance dont le monde entier allait bénéficier ? Peut-être fut-il un peu des deux ? Examinons les faits.

Pourquoi Christophe Colomb prit-il la mer ?

Avant 1453, les commerçants européens voyageaient par voie terrestre vers l’Inde et la Chine en relative sécurité, grâce aux traités conclus entre l’Empire byzantin et l’Empire mongol. Mais lorsque Constantinople tomba aux mains de l’Empire ottoman et que Byzance s’effondra, ces commerçants durent se tourner vers les routes maritimes. Si des voies terrestres sûres avaient subsisté à travers l’Eurasie, Christophe Colomb n’aurait peut-être jamais pris la mer.

Contrairement à ce que certains pensent aujourd’hui, Christophe Colomb et la plupart des Européens de son époque savaient que la Terre était ronde. Il s’agissait là d’une connaissance ancienne. Au 4e siècle av. J.-C., le philosophe grec Aristote savait que la Terre était sphérique et le scientifique grec Ératosthène en avait mesuré la circonférence avec précision au 3e siècle av. J.-C. Ces deux hommes étaient connus des érudits du Moyen Âge. Aristote était d’ailleurs si respecté que sa vision du monde, pas seulement ses connaissances scientifiques, avait largement influencé la philosophie catholique qui prévalait à l’époque de Christophe Colomb. Ce dernier comprenait les dangers des longs voyages en mer, mais il ne craignait pas de tomber dans le vide au « bout » de la Terre.

Le catholicisme itinérant      

Nous devrions aussi prendre en considération le contexte religieux et politique de l’époque de Christophe Colomb. De 711 à 1238, une grande partie de la péninsule ibérique était sous domination musulmane. Ce n’est qu’en 1492, année du premier voyage de Christophe Colomb, que les armées catholiques reconquirent Grenade, dernier bastion musulman en Espagne.

C’est dans ce contexte que le pape Nicolas V publia en 1452 la bulle papale Dum Diversas, qui autorisait l’esclavage des « Sarrasins [musulmans], païens et autres infidèles ». En 1493, le pape Alexandre VI publia la proclamation Inter Caetra, stipulant qu’une nation « chrétienne » n’avait pas le droit d’établir sa domination sur des terres déjà dominées par une autre nation chrétienne. Ensemble, ces décrets papaux alimentèrent le désir d’explorer de « nouvelles » terres où le découvreur aurait libre cours pour dominer les ressources et les peuples. La croissance de l’Empire ottoman incita peut-être Christophe Colomb à entreprendre ses voyages, mais c’est la papauté qui lui donna de nouvelles perspectives de profits outre-mer.

Qu’a découvert Christophe Colomb ?

Colomb n’atteignit pas l’Inde, mais les peuples qui s’y trouvaient furent appelés « Indiens » car il croyait à tort qu’il était arrivé dans ce que nous appelons aujourd’hui les Indes orientales. Ce n’est qu’après les voyages d’Amerigo Vespucci, qui donna son nom à l’Amérique, que les Européens comprirent que Colomb n’avait pas trouvé une route maritime occidentale vers l’Inde, mais qu’il avait atteint un autre continent.

Au cours de chacun de ses quatre voyages, entre 1492 et 1504, Christophe Colomb rencontra des tribus indigènes en guerre et chercha à conclure des alliances là où il le pouvait. Sur l’île d’Hispaniola, Christophe Colomb rencontra les tribus taïnos qui l’accueillirent d’abord comme un allié contre les Caraïbes qu’ils méprisaient comme une tribu violente de cannibales – bien que les chercheurs débattent encore aujourd’hui pour savoir si cette accusation de cannibalisme était une « fausse nouvelle » répandue par les Taïnos afin de diffamer leurs ennemis et d’encourager leur asservissement.

L’Histoire montre que Christophe Colomb était un diplomate et non un conquérant vorace. Il est vrai qu’il contraignit les Taïnos à se livrer à l’extraction dangereuse de l’or, et beaucoup furent victimes de maladies et de blessures. Cependant, il serait erroné de qualifier Christophe Colomb de raciste, car les archives montrent qu’il agissait aussi avec brutalité contre les Européens qui osaient s’opposer à lui. Un rapport choquant le décrit en train de faire couper la langue d’une Espagnole qui avait insulté ses ancêtres. Bien que Christophe Colomb ait parfois été un dirigeant cruel, il n’était pas le fou génocidaire que beaucoup décrivent. Les récits contemporains des activités de Colomb, tels que ceux de Bartolomé de las Casas, connu pour sa défense des Taïnos, rapportent bien que les colons espagnols commirent des atrocités, mais que Colomb intervint parfois pour soutenir les indigènes et punir les agresseurs espagnols.

Pilleur, guerrier ou criminel de guerre ?

Christophe Colomb était-il un criminel de guerre, le Pol Pot de son époque ? S’il cherchait à asseoir la puissance espagnole sur les peuples indigènes, nous devrions le considérer comme un échec.

Au cours de son voyage de 1492, Christophe Colomb établit sur la côte nord d’Haïti une forteresse connue sous le nom de La Navidad. En décembre 1492, il dota cette nouvelle colonie (la première colonie européenne en Amérique depuis l’époque de Leif Erickson) d’une quarantaine d’hommes et de provisions abondantes, notant dans son journal : « Je suis certain que les hommes qui m’accompagnent pourraient soumettre toute cette île […] la population est nue, sans armes et très lâche. »1 Cependant, lorsque Colomb revint dans la colonie en novembre 1493, il la trouva réduite en cendres et désolée. Seuls gisaient les corps de quelques colons tués par un chef taïno après que les Européens se furent disputés.

Colomb abandonna-t-il ? Déclara-t-il la guerre aux Taïnos ? Non ! Il fonda une autre colonie à l’est de l’île, qu’il baptisa La Isabella en l’honneur de la reine d’Espagne, où il espérait que les colons pourraient extraire des métaux précieux. Mais la nouvelle colonie fut victime de la famine et des maladies ; elle fut rapidement ravagée par des colons rebelles.

Malgré ces complexités, il est remarquable de voir avec quelle facilité la réputation de Christophe Colomb fut ternie par les détracteurs modernes qui cherchent à promouvoir leurs idéologies politiques et sociales.

Son héritage

Certains historiens suggèrent que des explorateurs chinois auraient atteint la côte ouest de l’Amérique du Nord dès 1421, plusieurs décennies avant les voyages de Christophe Colomb. Il est bien connu que l’explorateur norvégien Leif Erickson atteignit la côte est du Canada plusieurs centaines d’années auparavant. Nous savons aussi que des peuples autochtones vivaient sur le continent américain des milliers d’années avant l’arrivée des premiers colons européens.

Alors, qu’est-ce qui distingue Christophe Colomb ? Selon le chercheur Hans Selye, « la différence considérable entre la découverte de l’Amérique par les Indiens, par les Norvégiens et par Colomb tient seulement au fait que c’est Colomb qui a réussi à rattacher le continent américain au reste du monde. »2 Les Européens apportèrent bien plus que leurs maladies aux Amériques. Ils revinrent aussi en Europe avec de nouvelles plantes et de nouveaux aliments : pommes de terre, tomates, poivrons, ananas, cacahuètes, etc. Lorsque nous pensons à la terrible famine qui frappa l’Irlande dans les années 1840, combien d’entre nous se souviennent que la pomme de terre était à l’origine une importation américaine qui avait redynamisé l’agriculture irlandaise ?

En reliant l’Europe aux Amériques, Christophe Colomb déclencha un autre changement capital. Pendant des siècles, l’Europe s’était renfermée sur elle-même, vers son propre passé, comme seule référence pour mesurer ce qui pouvait être connu ou accompli. Ce n’est pas un hasard si tant de grandes découvertes scientifiques ont suivi les traces de Christophe Colomb et d’autres explorateurs qui ont montré aux Européens qu’il y avait de nouvelles connaissances à découvrir en dehors des vieux livres poussiéreux de l’histoire européenne.

En réalité, Christophe Colomb ne correspond ni aux caricatures présentées par ses détracteurs, ni aux portraits dressés par ses partisans. Il était moins barbare que de nombreux autres colons espagnols qui allaient piller les Amériques au cours des décennies suivantes. Il était l’ami d’au moins une tribu et de nombreux autochtones. Cependant, confronté à des cannibales et à des guerriers, Christophe Colomb n’était pas un pleutre : il n’hésitait pas à tuer ses ennemis quand il le pouvait. D’autre part, tout n’était pas rose lorsque Colomb débarqua aux Amériques. Avant son arrivée, les tribus indigènes étaient régulièrement en guerre les unes contre les autres et elles s’entretuaient tout autant que Colomb face à ses ennemis.

Concentrez-vous sur la vérité

Où est Dieu dans tout cela ? Nous lisons : « Voici, les nations sont comme une goutte d’un seau, elles sont comme de la poussière sur une balance ; voici, les îles sont comme une fine poussière qui s’envole » (Ésaïe 40 :15). Oui, même lorsque l’humanité rejette Ses voies, Dieu a le pouvoir de réaliser Ses desseins, que ce soit par des triomphes ou des tragédies. Pour en apprendre davantage sur les interventions divines dans l’histoire humaine, nous vous invitons à lire notre brochure intitulée L’accomplissement des prophéties : la main de Dieu dans les affaires mondiales.

Comme nous l’avons vu, la plupart de ceux qui célèbrent le Jour de Christophe Colomb ou la Journée des peuples autochtones partagent un nombre surprenant d’idées fausses. Mais cela devrait-il nous surprendre ? Comme le savent les lecteurs réguliers de notre revue, nous vivons dans une culture où des millions de personnes se disent chrétiennes tout en célébrant des fêtes non seulement basées sur de fausses idées, mais allant même à l’encontre des enseignements de Jésus-Christ.

Nous vivons dans un monde où les faits ne sont plus autorisés à parler d’eux-mêmes. Il semble que tout le monde ait un agenda idéologique et que la « vérité » ne soit acceptée que si elle correspond à cet agenda. Cependant, l’époque arrive où les mythes, les fables et les idéologies politiques seront remplacés par un attachement à la vérité dans tous les domaines de la société, car après le retour du Christ, le monde sera soumis au Royaume de Dieu – et Il est un « Dieu de vérité » (Deutéronome 32 :4 ; Psaume 31 :6).

1 “Columbus’ La Navidad”, AmericanHeritage.com, consulté le 5 juin 2025
2 Du rêve à la découverte, Hans Selye, La Presse, p. 106