Détecter un ennemi furtif | Le Monde de Demain

Détecter un ennemi furtif

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Il y a plus d’un siècle, le monde sombrait dans le cataclysme de la guerre la plus terrible que l’Histoire ait connu jusqu’à cette époque. Un conflit désormais connu sous le nom de Première Guerre mondiale.

Avant le conflit, la flotte allemande de haute mer avait grandi au point de devenir une menace crédible pour la Marine britannique, qui régnait alors sur les océans du monde. En 1916, afin de briser le blocus continental exercé par les Britanniques, qui tarissait les ressources allemandes, les deux flottes s’affrontèrent dans une grande bataille au large des côtes danoises, près de Jutland. Bien que la grande flotte de la Marine royale perdît davantage de navires, les Allemands abandonnèrent et retournèrent dans leurs ports. Beaucoup de leurs bateaux étaient trop endommagés pour être réparés et nombre d’entre eux ne ressortirent jamais des ports. La Marine royale semblait avoir conservé la suprématie des mers.

Malheureusement pour les Alliés, la Marine allemande ne comptait pas que des bâtiments de surface. Le concept des sous-marins était en vogue depuis longtemps et quelques marines nationales en possédaient, mais les Allemands avaient fait des sous-marins – qu’ils appelèrent les « U-Boats » – une priorité. Le commandement allemand comprenait que pour battre les Anglais, le flot de marchandises arrivant en Grande-Bretagne depuis son empire et d’autres nations devait être coupé. Dès 1914, la Marine allemande commença à utiliser des « embarcations sous-marines » à une époque où elles étaient indétectables, sauf lorsqu’il était déjà trop tard. En 1917, leur stratégie d’attaque débridée menaça même la survie de la Grande-Bretagne. Des efforts désespérés furent entrepris pour détecter et combattre l’ennemi qui misait tout sur la dissimulation.

Chasser un adversaire invisible

Deux ans avant le début de la Première Guerre mondiale, le paquebot Titanic avait coulé dans l’Atlantique Nord après avoir heurté la partie immergée d’un iceberg. Cette catastrophe avait favorisé le développement d’appareils électroniques pour détecter les dangers sous-marins. La technologie disponible à cette époque était limitée et peu d’essais se révélèrent concluants avant la guerre. Cependant, quelques scientifiques qui avaient étudié la science nouvelle des « ultrasons » arrivèrent sur le devant de la scène à point nommé.

Robert William Boyle en faisait partie. Ce Canadien venait du petit village de la Carbonnière, dans ce qui était alors le dominion de Terre-Neuve. Né en 1883, Boyle fit preuve d’une habilité inhabituelle dès sa jeunesse. À l’Université McGill de Montréal, il eut le privilège d’être enseigné par le Néo-Zélandais sir Ernest Rutherford – le père de la physique nucléaire, qui obtiendra le prix Nobel de chimie en 1908 pour son travail sur la compréhension de la radioactivité. Sous Rutherford, Boyle obtint le tout premier doctorat de physique de McGill.

En 1912, Boyle accepta le poste de directeur du département de physique de l’Université de l’Alberta, à Edmonton. Suite à l’accident du Titanic, il commença à étudier l’acoustique et la possibilité de détecter des dangers sous-marins. Il n’était pas le seul à mener de telles recherches. Un brillant scientifique français, Paul Langevin, travaillait sur des principes théoriques similaires, mais il n’arrivait pas à développer un appareil efficace. Lorsque la guerre éclata en 1914, un sentiment d’urgence se développa afin de mettre au point un équipement capable de détecter un sous-marin. L’historien Rod McLeod, de l’Université de l’Alberta, rapporte : « Tout le monde commença à travailler sur cela car les sous-marins allemands coulaient des centaines de navires alliés […] Les Français travaillaient dessus, les Britanniques travaillaient dessus et les Américains travaillaient dessus » (phys.org, 18 février 2008).

Au début de la guerre, les marins utilisaient un hydrophone qui pouvait détecter le bruit des moteurs des sous-marins et la direction du son. Cependant, il était impossible de déterminer la profondeur et la distance.

À cette époque, l’amirauté britannique demanda à Rutherford de prendre la tête du « Bureau des inventions et de la recherche. » Rutherford envoya un message à Boyle pour lui demander de le rejoindre. Boyle, Langevin, Albert Wood et d’autres scientifiques de renom travaillèrent ensemble afin de résoudre le problème de la détection sous-marine. Ils analysèrent aussi le travail d’un autre scientifique canadien, Reginald Fessenden, qui avait effectué la plus grande partie de son travail aux États-Unis. Ce dernier avait développé « l’oscillateur de Fessenden », un prototype du sonar, qui permettait en 1914 aux navires de communiquer entre eux en morse et de localiser les icebergs. Chaque responsable scientifique fut en charge d’un projet. Boyle se vit assigner le concept le moins prometteur. Cependant, en 1917, ce fut le groupe de Boyle qui résolut le problème majeur, en inventant le « transducteur ultrasonique à quartz » – le premier modèle fonctionnel d’un instrument de mesure pouvant détecter la présence, la profondeur et la distance d’un sous-marin.

La Marine royale lui donna le nom d’ASDIC, un acronyme énigmatique destiné à cacher la véritable nature et le principe opérationnel de l’appareil. Même après la fin de la Première Guerre mondiale, Robert Boyle ne déposa pas de brevet et ne chercha aucune reconnaissance pour cette invention, en grande partie à cause du secret imposé au projet. De son côté, Langevin déposa un brevet et, par conséquent, il fut souvent considéré comme l’inventeur.

L’ASDIC fut installé dans quelques navires de guerre avant la fin de la Première Guerre mondiale, mais il ne devint vraiment opérationnel au sein des Marines britannique et américaine qu’en 1924. Il montrera son efficacité 15 ans plus tard lorsque le monde fut de nouveau en guerre et que la Grande-Bretagne affronta des défis encore plus sévères émanant de la menace sous-marine furtive. Finalement, l’appellation ASDIC fut remplacée par le terme américain SONAR (acronyme anglais se traduisant par système de navigation et de télémétrie), mais le principe restait similaire à ce que l’équipe de Boyle avait développé.

La grande contribution de Robert Boyle resta inconnue pendant de nombreuses décennies, bien qu’il s’agisse peut-être d’une des inventions les plus significatives de l’Histoire militaire du vingtième siècle. Il devint ensuite membre du Conseil national de recherches du Canada, en tant que directeur du département de physique, puis il supervisa la recherche et le développement du radar pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Un danger bien plus grand

Il est intéressant de voir les efforts que l’humanité est capable de déployer pour se défendre contre un danger mortel, particulièrement lorsque son existence est connue mais qu’il est invisible. Malheureusement, le genre humain ne semble pas avoir les mêmes craintes concernant un autre ennemi qui veut notre perte (1 Pierre 5 :8) et qui est également difficile à détecter. Notre adversaire, que Jésus-Christ qualifie de « prince du monde » (Jean 14 :30), manœuvre de façon furtive et invisible, en attendant de pouvoir distraire et emmener les gens loin de la connaissance du mode de vie qui procure la paix et le bonheur. Les efforts de cet être sont si efficaces qu’il a séduit presque toute la terre (Éphésiens 2 :2 ; Apocalypse 12 :9).

Le SONAR ne permet pas de le voir. Par contre, il est révélé par la source d’informations que Dieu a préservée pour nous dans la Bible. Vous aussi, vous pouvez détecter et éviter la séduction et la puissance destructrice de cet adversaire spirituel terrible et sans pitié.

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