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Une nation endettée

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L’horloge avance à un rythme effréné. Les chiffres de la colonne de droite auront changé avant même d’avoir eu le temps de les lire. Ils sont de plus en plus élevés. Il ne s’agit pas d’une horloge ordinaire.

Il s’agit d’une « horloge de la dette » permettant de voir le Canada plonger dans les abysses de l’endettement. Au moment d’écrire cet article, l’horloge indique une dette de 690,8 milliards de dollars.

En divisant uniformément cette dette entre tous les Canadiens, cela représente 18.688$ par habitant. Et il ne s’agit que de la dette nationale. Ainsi, les lecteurs au Québec doivent y ajouter 21.714$ par habitant de dette provinciale. Ceux du Nouveau-Brunswick ou de l’Ontario doivent ajouter respectivement 18.206$ ou 21.724$.

Peut-être ne connaissiez-vous pas spécifiquement ces montants, mais vous saviez probablement que le Canada et la plupart des autres nations occidentales se sont mises dans une terrible situation financière. De nombreux citoyens blâment les mauvaises politiques gouvernementales et les planifications ratées qui ont assurément contribué à la situation actuelle. Mais peu de gens parlent de la crise à venir des dangereux niveaux de la dette des ménages.

L’endettement des ménages

En s’adressant à la Chambre de commerce de Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, le gouverneur de la Banque du Canada Stephen Poloz a déclaré en substance : « Pour la plupart des Canadiens, l’endettement est une réalité qui s’impose à un moment donné » (“L’économie canadienne et la dette des ménages : quelle est l’ampleur du problème ?”, BanqueDuCanada.ca, 1er mai 2018).

L’endettement des ménages canadiens dépasse les 2.000 milliards de dollars. Cela représente encore 54.000$ de plus par habitant.

Il est difficile d’imaginer ce que représentent 2.000 milliards de dollars, c’est pourquoi ce nombre est souvent divisé et décrit en termes simples à comprendre. Une comparaison entre la dette et le revenu disponible (argent disponible après avoir payé les impôts) peut apporter plus de clarté. En moyenne, les Canadiens doivent 1,70$ pour chaque dollar de revenu disponible. Cela représente 170% d’endettement et Poloz a déclaré que « ce ratio a atteint un record : il y a vingt ans, il était d’environ 100 % » (ibid.). Une hausse de 70% en 20 ans devrait forcer à réfléchir. Bien entendu, certains n’ont aucune dette et d’autres la maîtrisent sagement. Mais environ 8% des ménages canadiens détiennent plus de 20% de ces 2.000 milliards de dette.

Voyez à quel point de nombreux Canadiens ont très peu de marge financière :

« Pour 10% des Canadiens, la marge d’erreur pour les finances du ménage est encore plus faible, autour de 100$ ou moins. Mais ceux à qui il reste un peu [d’argent] à la fin du mois s’en sortent beaucoup mieux que d’autres : une proportion faramineuse de 31% des sondés ont répondu qu’ils n’avaient pas assez [d’argent] pour honorer toutes leurs obligations financières » (GlobalNews.ca, Erica Alini, 8 mai 2017). 

Changer notre mode de vie

Il n’est pas surprenant que l’économie actuelle affecte la vie quotidienne des Canadiens. Pour beaucoup, le fait de posséder sa maison était considéré comme un objectif atteignable et une étape importante dans la vie – obtenir un diplôme, avoir un travail, se marier et acheter une maison. En août 2017, un titre de Maclean’s annonçait brutalement une nouvelle réalité : « Pour de nombreux Canadiens, leur domicile ne sera pas une maison. » L’article déclarait ensuite :

« Il fut un temps où le Canada construisait plus de maisons individuelles que de logements multifamiliaux. La tendance s’est inversée et le fossé séparant le fait de vivre en appartement et la possibilité de faire un barbecue dans sa cour n’a jamais été aussi grand dans les villes canadiennes […] Une génération de Canadiens qui prenait l’espace pour acquis découvre désormais que leur avenir mesurera 900 pieds carrés [83 m²] ou moins. Ce n’est pas si grave que cela sauf que […] c’est un grand problème pour beaucoup de gens » (Macleans.ca, 14 août 2017).

Des recherches ont confirmé ce que la plupart savaient déjà. L’endettement affecte beaucoup la prise de décisions dans la vie. Ceux ayant une dette conséquente repousseront davantage le fait de se marier ou d’avoir des enfants (NPR.org, Shankar Vedantam, 8 juin 2016). Mais nous ne savons pas encore comment l’aggravation continuelle de cet endettement affectera d’autres aspects de la vie.

Trouver le contentement

La plupart des gens ne souhaitent pas se retrouver endettés. Sortir de l’endettement implique de surveiller de près nos activités, nos habitudes et nos priorités. Toutes les dettes personnelles ne sont pas le fruit de mauvaises décisions, mais une grande partie de la dette qui affecte les gens vient du fait qu’ils veulent posséder le dernier appareil électronique, la plus grande maison, la voiture la plus rapide ou des vêtements de marque.

Le roi Salomon écrivit au sujet de la folie du matérialisme : « Celui qui aime l’argent n’est pas rassasié par l’argent, et celui qui aime les richesses n’en profite pas » (Ecclésiaste 5 :9). Beaucoup de gens n’en ont jamais assez. Si vos priorités sont matérielles, demandez-vous si ces objets vous procurent vraiment une vie productive et heureuse. L’endettement et le stress vont souvent de pair. La poussée d’adrénaline au moment d’un achat compulsif sera souvent remplacée par de l’anxiété, des craintes et des peurs si cet achat augmente votre dette.

Un des secrets pour ne pas s’endetter est d’apprendre à être contents de ce que nous avons. Le contentement ne signifie pas que nous ne devons pas chercher à améliorer notre situation personnelle ou économique. Il s’agit de découvrir le bonheur qui ne dépend pas des aspects matériels de la vie. L’apôtre Paul a connu des hauts et des bas dans sa vie. Il écrivit à l’Église de Philippes la qualité essentielle du contentement qu’il avait lui-même apprise au travers des épreuves et des difficultés :

« J’ai appris à être content dans l’état où je me trouve. Je sais vivre dans l’humiliation, et je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans la disette » (Philippiens 4 :11-12).

Le contentement ne dépend pas de nos possessions, il s’agit d’une perspective de la vie et nous pouvons tous apprendre à la développer. Le contentement se développe en apprenant à apprécier à leur juste valeur les choses importantes de la vie, comme l’amitié et la beauté de nos vies quotidiennes. Il peut se développer sur une réputation d’honneur, de diligence et de vie pieuse. Cela permet aussi d’échapper aux affres de la dette.

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