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Les marques du regret

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Le point de vue de Dieu sur le tatouage devrait nous faire réfléchir avant de passer sous les aiguilles d’un tatoueur.

Je me souviens d’un phénomène assez déroutant lorsque j’étais adolescent, dans le milieu des années 1970. Gary Dahl, un publicitaire californien commercialisa les « Pet Rock » (caillou de compagnie), un gadget qualifié « d’animal de compagnie parfait ». Dans une petite boîte perforée, pour que la pierre puisse « respirer », un banal caillou était déposé sur un nid de paille, accompagné d’un « acte de naissance » et un manuel d’instructions pour lui enseigner à « tourner sur lui-même » ou à « faire le mort ». Ces cailloux de compagnie furent très populaires en 1975, mais cet engouement s’essouffla dès 1976 et les ventes s’effondrèrent.

Les effets de mode se doublent souvent d’un engouement qui consiste à « se prendre de passion, d’enthousiasme exagéré et le plus souvent passager pour une personne ou une chose ».1 Cette définition décrit avec justesse d’autres phénomènes qui ont eu leur moment de gloire, avant de retomber dans l’oubli. Chaque époque possède ses effets de mode, mais ils finissent tous par être démodés. À l’époque des cailloux de compagnie, je portais des chaussures à semelle compensée de 10 cm et un costume en polyester, avec une chaîne dorée autour du cou. Je vous assure que je ne m’habille plus ainsi !

Une autre vérité est que certains effets de mode, comme les cailloux de compagnie ou les tenues des « années 70 », n’ont pas de conséquences négatives sur le long terme. En revanche, d’autres ont malheureusement des conséquences qui peuvent durer jusqu’à la fin de nos jours, voire créer de profonds regrets chez les personnes concernées.

Considérez par exemple le regain d’intérêt pour la pratique ancestrale du tatouage. Pendant de nombreuses années, les tatouages étaient stigmatisés et souvent associés aux marins, aux motards et aux gangs. Désormais, « le tatouage fait de plus en plus d’adeptes [et] séduit toutes les tranches d’âge […] Une personne sur dix serait tatouée en France. »2 Un autre sondage révèle que « le tiers des Canadiens âgés de 18 à 36 ans auraient au moins un tatouage » et que cette industrie est « en pleine expansion » dans le pays.3

Beaucoup de gens multiplient les séances chez le tatoueur pour couvrir de grandes parties de leur anatomie avec un « art corporel » complexe et entrelacé. Parallèlement, l’industrie de l’effacement des tatouages est également en pleine expansion, avec un chiffre d’affaires de plus de 4 milliards de dollars en 2021. Cela devrait faire réfléchir avant de prendre la décision de se faire tatouer.

Imprimer votre marque ?

Se faire des marques sur la peau est une coutume ancestrale présente dans plusieurs civilisations et remontant au moins à 3000 av. J.-C. La raison de ces tatouages diffère d’une culture à une autre. « Les sociétés dites “traditionnelles” inscrivent à même leur chair des marques, éphémères ou indélébiles, qui déclarent une identité, jalonnent une initiation, précisent une hiérarchie, érotisent et exorcisent. »4

De nos jours, de nombreuses personnes se font tatouer pour commémorer des événements ou des personnes de leur vie, afin d’exprimer leur individualité, « pour avoir l’air cool » ou par acte de rébellion. En effet, il existe toujours un élément de défi culturel associé aux tatouages. « Les gens se font souvent tatouer pour défier les normes culturelles, les attentes de la famille ou pour repousser les limites dans un cadre professionnel », mais « les tatouages rebelles peuvent souvent susciter des regrets, parfois des mois ou des années après l’encrage initial ».5

Les vrais chrétiens se reconnaissent grâce à l’Esprit de Dieu qui habite en eux, permettant à la vie parfaite et fidèle de Jésus-Christ de se manifester dans leur conduite et leurs choix quotidiens. Même les tatouages religieux ne sont pas la marque du christianisme. C’est plutôt la foi obéissante de Jésus-Christ qui identifie un vrai chrétien.

Ces résultats conduisent à une question personnelle importante pour tous ceux qui voudraient passer sous les aiguilles d’un tatoueur : « Quelle est ma motivation ? » Les gens sont doués pour rationaliser leurs désirs et trouver des raisons expliquant leur motivation de passer à l’acte. Mais s’agit-il vraiment de leurs désirs, ou cèdent-ils à la pression de la société pour se « fondre » dans la foule ou paraître « cool » ?

La tatoueuse chinoise Song Jiayin explique sans ambages pourquoi les gens se font tatouer, dans le monde entier : « Quand tu choisis de te faire tatouer, quand tu choisis une image différente à mettre sur ton corps, en réalité tu agis pour dire : “Je contrôle mon corps, mon corps est différent de celui des autres.” »6

Oui, les tatouages sont une forte déclaration personnelle et ils proclament une attitude du « moi d’abord » qui ne se gêne pas pour montrer à tout le monde la fierté d’une personne dans son propre corps. Mais pour ceux qui suivent Dieu, cette approche de « se faire plaisir en premier » est l’exact opposé de la sollicitude portée aux autres, qui définit l’amour de Dieu. L’apôtre Paul écrivit que « l’amour ne se vante point, il ne s’enfle point d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche point son intérêt » (1 Corinthiens 13 :4-5). Pour la plupart des gens, cette sorte d’amour n’est pas associée aux tatouages.

Et ce n’est pas uniquement la perspective du Nouveau Testament. Jadis, Dieu ordonna à Son peuple : « Vous ne ferez point d’incisions dans votre chair pour un mort, et vous n’imprimerez point de figures sur vous. Je suis l’Éternel » (Lévitique 19 :28). Après avoir créé l’homme et la femme, sans tatouages, Dieu déclara que le corps humain était « très bon » (Genèse 1 :31).

Bien plus qu’une marque cutanée

Un jour, un homme vint me voir en pleurs, exprimant ses regrets à propos des tatouages qui couvraient ses bras. Il portait une chemise à manches longues, honteux de montrer ce qu’il appelait des marques du « mal », qu’il trouvait jadis « formidables ». Il était bien plus jeune lorsqu’il s’était fait tatouer et il avait récemment commencé à changer d’attitude. Il s’était renseigné pour les faire enlever, mais cela coûtait plusieurs milliers de dollars et n’était pas totalement efficace. Ce dilemme était l’objet de ses larmes.

Beaucoup de gens qui se sont fait tatouer dans leur jeunesse rencontrent des difficultés à trouver un emploi par la suite, car de nombreux recruteurs ne veulent pas embaucher des employés portant des tatouages visibles. Certaines personnes peuvent supporter le coût et la douleur pour enlever ces marques, mais d’autres n’ont pas le choix et elles doivent vivre avec le résultat visible d’une décision qu’elles regrettent désormais. Dans tous les cas, elles finissent par regretter de ne pas avoir réfléchi plus longuement aux conséquences de leur décision.

Beaucoup d’entre vous qui lisez cet article ont peut-être des tatouages. Le but de cet article n’est assurément pas de vous faire honte. Personne ne peut changer son passé et si vous avez des tatouages, il n’est pas essentiel que vous les fassiez enlever. Dieu est miséricordieux et indulgent. Il ne vous en tiendra pas rigueur si vous Lui demandez sincèrement de vous pardonner et que vous prenez de bonnes décisions à l’avenir. Que vous regrettiez votre tatouage ou que vous n’en ayez jamais eu, vous pouvez éviter d’avoir des remords en regardant au-delà d’un effet de mode et en gardant l’avenir à l’esprit. « L’homme prudent voit le mal et se cache, mais les simples avancent et sont punis » (Proverbes 22 :3).

1 “S’engouer de”, Dictionnaire Le Grand Robert
2Le tatouage : pourquoi tous les Français s’y mettent ?”, France Bleu, 2 décembre 2021
3L’industrie du tatouage en pleine expansion au Canada”, Radio Canada, 22 septembre 2019
4 Signes du corps, Musée Dapper, septembre 2004, page 2
5Why Do People Get Tattoos ?”, AuthorityTattoo.com, 12 août 2019
6En Chine, des femmes se racontent à travers leurs tatouages”, AFP, YouTube.com, 8 mars 2023

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