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Les algorithmes de l’addiction

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Comment aider nos enfants à ne pas devenir accros aux écrans ? Nous devons leur montrer l’exemple en étant nous-mêmes libres de cette addiction !

Vos enfants sont-ils accros à leur téléphone ? Les écrans les éloignent-ils d’objectifs utiles ? Et s’ils sont encore trop jeunes, vous inquiétez-vous de la façon dont ils géreront cette technologie en grandissant ? Notre premier-né approche l’âge de l’adolescence, mais jusqu’à présent, mon épouse et moi avons limité à nos enfants l’accès aux smartphones, aux tablettes, aux ordinateurs et à la télévision. Mais nous savons que, tôt ou tard, ils devront maîtriser cette technologie. De toute façon, celle-ci sera probablement nécessaire pour leur travail scolaire et leur carrière professionnelle.

Pourquoi doivent-ils « maîtriser » cette technologie au lieu de simplement « l’utiliser » ? Vous n’êtes peut-être pas au courant que des personnes très intelligentes ont développé des algorithmes conçus pour accomplir une tâche spécifique : augmenter l’engagement des utilisateurs.1

Les réseaux sociaux sont à la pointe dans ce domaine, mais cette collecte de données au moyen des interactions des utilisateurs sur plusieurs appareils devient monnaie courante. Cela se produit à chaque fois que nous accédons à Internet et nos interactions sur ce réseau sont de plus en plus fréquentes. En plus des ordinateurs et des smartphones, les télévisions et les radios sont désormais connectées à Internet.

Une surveillance permanente

Chaque fois que nous utilisons Internet, des algorithmes traquent ce que nous faisons, combien de temps nous y passons et si cette interaction pourrait être monétisée. Et comment pouvez-vous monétiser au mieux le temps des internautes ? Tout simplement en augmentant le temps qu’ils passent en ligne. L’engagement est le point clé et ces algorithmes sont très efficaces pour l’augmenter. Lorsque ma famille et moi allons au restaurant, nous voyons souvent de nombreux clients qui restent collés à leur téléphone. Les gens imaginent souvent des adolescents perdus dans leur téléphone, mais il est de plus en plus fréquent que tous les membres de la famille interagissent sur Internet au lieu de parler ensemble. Il est possible qu’ils soient chacun sur des applications différentes en fonction de leur âge, mais ils interagissent avec un écran au lieu de communiquer avec leur famille.

Je suis également susceptible d’en être victime ! Lorsque je sors avec mon épouse, mon téléphone « se plaint » d’être laissé de côté pendant quelques heures. Il commence à vibrer pour me faire savoir qui a marqué un but, qui a aimé un message ou ce qu’a fait tel ou tel politicien. Lorsque je reçois une notification pour un jeu vidéo ou qu’une célébrité dont je n’avais jamais entendu parler est impliquée dans un scandale, devrais-je vraiment ignorer le téléphone pour me consacrer à mon épouse ? En décrivant la nature addictive des smartphones, le documentaire Le dilemme social, sorti sur Netflix, citait un spécialiste expliquant qu’il existe deux types d’utilisateurs : ceux qui jettent un œil à leur smartphone le matin avant d’aller aux toilettes et ceux qui y jettent un œil le matin pendant qu’ils sont aux toilettes.

Les algorithmes qui se focalisent sur l’engagement ne se préoccupent pas de savoir quelle sorte d’activité maintient les gens en ligne. Il n’y a rien de mal à dédier un peu de temps aux divertissements, mais les annonceurs veulent optimiser notre implication et, malheureusement, le contenu le plus engageant et le plus addictif sur Internet est celui qui génère de la colère. C’est vrai pour les réseaux sociaux comme pour les médias traditionnels, y compris ceux qui étaient jadis considérés comme des médias d’information.

Une détérioration de notre comportement

Les réseaux sociaux provoquent souvent notre colère à l’égard de gens auxquels nous ne prêterions pas attention autrement. À travers la technologie, nous pouvons désormais être exaspérés par leurs opinions politiques, leurs attitudes critiques ou la façon dont ils s’exposent. Des choses qui ne seraient jamais dites en personne sont fréquemment mises en ligne à la disposition du monde entier et, tragiquement, nous aimons cela ! Combien de fois vous déconnectez-vous d’un réseau social plus énervé(e) ou frustré(e) qu’en vous y connectant ? Un site sur lequel j’avais l’habitude d’aller était devenu si toxique que j’avais décidé de ne plus le consulter qu’une fois par mois. Beaucoup auront deviné ce qui arriva : j’ai commencé à recevoir des rappels quotidiens me disant tout ce que j’avais manqué. « Venez voir les derniers messages ! » Les emails utilisaient toutes les tactiques possibles et dès que j’ai revisité le site, ils ont cessé, jusqu’à ce que je prenne une nouvelle pause.

Les médias traditionnels captent notre attention avec une colère sur des problèmes plus vastes. Et diffusent-ils plutôt des nouvelles positives ou négatives ? Nous connaissons déjà l’agenda politisé des médias d’information, mais ils peuvent quand même nous tenter d’y revenir ! À quelle fréquence les médias de gauche ont-ils quelque chose de positif à dire sur Donald Trump, ou au contraire quelque chose de négatif sur le président Biden ? Nous savons déjà ce qu’ils vont dire ! Et ils savent que la colère fait vendre, donc si leur audience baisse, ils vont augmenter leurs critiques contre les conservateurs. Quant aux médias conservateurs, ils font exactement la même chose, à la seule différence qu’ils vont se moquer de Joe Biden ou d’un autre dirigeant de gauche afin d’augmenter leur audience. Ces sites ont l’audace de se qualifier de « médias d’information », mais leur nom le plus correct serait « nous-vous-mettons-en-colère-pour-que-vous-regardiez-nos-annonces-et-que-nous-fassions-de-l’argent », mais ce n’est pas facile à prononcer. Proverbes 22 :24-25 nous donne un sérieux avertissement au sujet des médias d’information qui ont un tel effet sur nous.

L’antidote à Internet ?

Revenons à la question de départ : comment aider nos enfants à ne pas devenir accros aux écrans ? La réponse est simple : nous devons leur montrer l’exemple en étant nous-mêmes libres de cette addiction ! Nous avons beau dire aux jeunes de faire attention aux réseaux sociaux et à leur temps d’écran, que voient-ils chez leurs parents et les autres adultes ? Mettons-nous en pratique le contrôle que nous voulons voir chez eux ? Ou constatent-ils que nous échouons à faire ce que nous leur disons ?

Les enfants se rendront compte si leurs parents sont plus influencés par les « actualités » que par la Bible. Ils noteront s’ils sont plus accros à la colère provoquée par leur écran qu’au réconfort présent dans les Écritures (voir Philippiens 4 :4-8). Nos jeunes comprennent qu’il est nécessaire de passer un peu de temps devant un écran pour des buts légitimes, mais ils voient bien que les adultes perdent très souvent leur temps devant ces mêmes écrans, pour se divertir, voire pire.

En tant que parents, nous devons montrer l’exemple en interagissant sagement sur Internet et avec les écrans, en les contrôlant au lieu d’être contrôlés par eux. Nos enfants ont besoin de voir que nous sommes capables de laisser le téléphone de côté et d’éteindre les écrans. Regarder un film en famille peut être agréable, mais passons-nous aussi des soirées autour d’un jeu de société ? Nous avons beau lire des tonnes de choses sur Internet, mais peu d’activités créeront un tel lien avec nos enfants que de leur lire la Bible ou d’autres bons livres. Il est également bénéfique pour les familles de se promener ensemble ou de jouer dehors. La leçon est simple : la façon la plus puissante d’aider nos enfants à apprendre à contrôler l’usage d’Internet est d’établir un bon exemple dans notre propre vie.

Les algorithmes conçus pour maintenir l’engagement en ligne de nos enfants sont aussi conçus pour maintenir l’engagement des adultes. Et il y a beaucoup d’argent à faire en nous maintenant devant un écran, aussi bien vous que moi ou les enfants. Faisons notre part en contrôlant ces tentations dans notre vie, afin que nos enfants puissent apprendre à les contrôler dans leur propre vie.

1 “Social-Media Algorithms Rule How We See the World”, Wall Street Journal, WSJ.com, 17 janvier 2017

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