Le couronnement du roi Charles III | Le Monde de Demain

Le couronnement du roi Charles III

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La Grande-Bretagne a célébré le couronnement de son nouveau roi. Mais qu’est-ce qu’un couronnement ? Pourquoi celui-ci a-t-il une importance biblique ?

Au décès de la reine Élisabeth II, à l’âge de 96 ans, le 8 septembre 2022, son fils héritier, le prince Charles, accéda au trône. Deux jours plus tard, il fut proclamé roi Charles III après une vie d’apprentissage. Immédiatement, les plans du couronnement, envisagés de longue date et connus sous le nom de code Operation Golden Orb, furent mis en œuvre. Il aura fallu environ huit mois (pour laisser suffisamment de temps au deuil et achever la planification) afin que tout soit prêt pour ce grand événement.

Le couronnement a eu lieu le 6 mai 2023 à l’abbaye de Westminster, à Londres, donnant le coup d’envoi de trois jours de célébration. Charles est désormais roi de 14 pays, y compris le Canada. Le site Internet du gouvernement canadien indiquait ainsi : « En tant que monarchie constitutionnelle et royaume du Commonwealth, le Canada soulignera cet événement marquant par des célébrations nationales qui mettront en valeur les liens étroits entre Sa Majesté et le Canada, ainsi que le rôle que joue la Couronne dans notre système de gouvernement et notre identité. »1

Le couronnement offre une rare occasion d’observer de plus près ce rite vénérable et élaboré, avec toute sa majesté, sa pompe et sa cérémonie ancienne. Il y a beaucoup à découvrir sur ses liens bibliques et sur la façon dont il est lié à notre compréhension de l’histoire ancienne de la Grande-Bretagne et de son rôle dans le monde actuel.

L’organisation d’un couronnement

Tout d’abord, qu’est-ce qu’un couronnement ? Et pourquoi est-ce important ? Il s’agit essentiellement d’un rite de passage, d’un spectacle qui met en scène la cérémonie d’inauguration du règne d’un nouveau monarque. Cependant, le couronnement britannique se distingue par un mélange unique de l’Église et de l’État, pendant lequel le nouveau roi doit prêter serment devant Dieu et être oint d’huile.

Dans son ouvrage Couronnement – du 8ème au 21ème siècle,2 l’historien Roy Strong écrivit que « le concept central consistant à mettre à part un seul être humain par le biais d’une onction d’huile sainte, en tant qu’incarnation de la couronne et de la nation » est le plus important de tous les rites de passage similaires. C’est une « pierre angulaire de l’État britannique et un rempart contre sa sécularisation totale » (page xi).

Les couronnements sont devenus un aspect essentiel de l’identité nationale britannique, remontant aux rites anglo-saxons du 10ème siècle de notre ère. Et si nous pensons que la cérémonie du couronnement est rigide et gravée dans le marbre, c’est tout le contraire en réalité. Les recherches de Strong montrent que le couronnement « s’est révélé étonnamment flexible au fil des siècles […] révélant sa capacité à répondre à toutes les nuances théologiques, politiques, sociales et culturelles, et à les refléter » (Couronnement, pages xi-xii).

Pourquoi organiser une cérémonie d’une telle ampleur et complexité, engendrant un tel coût ? Au 21ème siècle, est-il vraiment nécessaire que la Grande-Bretagne mette en œuvre toute cette histoire, cette pompe, cette cérémonie, ainsi que cet enchevêtrement de l’Église et de l’État ? Et pourquoi oindre avec de l’huile ? D’où vient cette coutume ? Commençons par les origines de l’onction – cette pratique consistant à oindre les rois avec de l’huile.

Des précédents bibliques

« L’onction est l’application à un dirigeant moderne d’un rituel décrit dans l’Ancien Testament, l’onction avec de l’huile sainte d’un dirigeant choisi » (Couronnement, page 9). L’origine de l’onction des rois dans la Bible commence avec le prophète Samuel, lorsqu’il oint le premier roi d’Israël : « Samuel prit une fiole d’huile, qu’il répandit sur la tête de Saül. Il le baisa, et dit : L’Éternel ne t’a-t-il pas oint pour que tu sois le chef de son héritage ? » (1 Samuel 10 :1). Le verset 6 montre l’impact de cette onction, le fait que l’Esprit de Dieu viendrait sur lui, qu’il prophétiserait et serait « changé en un autre homme ».

Plus tard, le même rituel est mis en œuvre lorsque Samuel fut chargé d’oindre David, le successeur de Saül : « Samuel prit la corne d’huile, et l’oignit au milieu de ses frères. L’Esprit de l’Éternel saisit David, à partir de ce jour et dans la suite » (1 Samuel 16 :13).

La Bible rapporte aussi l’onction de Salomon, fils de David, en tant que roi :

« Le sacrificateur Tsadok et Nathan le prophète l’oindront pour roi sur Israël. Vous sonnerez de la trompette, et vous direz : Vive le roi Salomon ! Vous monterez après lui ; il viendra s’asseoir sur mon trône, et il régnera à ma place. C’est lui qui, par mon ordre, sera chef d’Israël et de Juda […] Le sacrificateur Tsadok prit la corne d’huile dans la tente, et il oignit Salomon. On sonna de la trompette, et tout le peuple dit : Vive le roi Salomon ! » (1 Rois 1 :34-35, 39).

« Dans ces passages bibliques, pratiquement tous les éléments qui allaient constituer les premières cérémonies de couronnement sont déjà présents : le choix d’un roi, son onction d’huile sainte par un prêtre, son acclamation par le peuple et son intronisation » (Couronnement, page 9).

Ce rite biblique de l’onction des rois avec de l’huile sainte s’est largement répandu au cours du 7ème et du 8ème siècle de notre ère, lorsque les royaumes barbares adoptèrent de nombreuses coutumes dites chrétiennes (Couronnement, page 11). Parmi ces peuples « barbares » se trouvent les Angles et les Saxons, arrivés en Grande-Bretagne après le 4ème siècle de notre ère.

Les débuts des Anglo-Saxons

Roy Strong emmène ses lecteurs plus de mille ans en arrière, à cette époque anglo-saxonne, qui sert d’exemple au couronnement moderne. Un des premiers récits d’un couronnement anglais décrit celui du roi Edgar (959-975), qui convoqua dans la ville de Bath les dirigeants des territoires qu’il gouvernait, afin de participer à une cérémonie au cours de laquelle les évêques devaient le bénir, l’oindre et le consacrer comme monarque. Cette cérémonie élaborée, conduite par Dunstan, l’archevêque de Canterbury, eut lieu le jour de la Pentecôte. Dunstan posa des conditions que le roi devait accepter avant d’être oint avec de l’huile.

C’est ainsi que débuta le serment du couronnement, composé de trois engagements du roi envers Dieu (Couronnement, page 4). Pour résumer, le roi devait faire tout ce qui était en son pouvoir pour maintenir la paix, pour administrer la justice et pour faire preuve d’équité et de miséricorde. Cette promesse était suivie de l’onction sur la tête du roi avec une huile spéciale, fabriquée par les évêques. C’était le moment de la « renaissance », accompagné de prières invoquant des exemples bibliques (comme ceux déjà mentionnés) et demandant que le Saint-Esprit descende sur le roi et le sanctifie de la même manière.

Venait ensuite le moment le plus solennel de la cérémonie, lorsqu’un cantique était chanté, reprenant le récit biblique du couronnement du roi Salomon. L’étape suivante était l’investiture utilisant divers emblèmes : un anneau d’or en tant que « sceau de la sainte foi », une épée symbolisant la protection du royaume et la défaite des ennemis de l’Église, la « couronne de gloire et de justice », le sceptre qui était « le signe du pouvoir royal, la verge du royaume, la verge de la vertu », ainsi que le bâton ou baculus, symbole « de vertu et d’équité ». La cérémonie se terminait par une messe, puis un grand festin pour célébrer l’événement.

Quel était le but de tout cela ? Edgar était à l’apogée de son règne et ce couronnement majestueux avait pour but de clarifier son statut impérial et de le faire connaître dans tout le pays ainsi qu’à travers l’Europe. Peu après, Edgar reçut l’hommage des rois qui lui étaient soumis.

Le serment a des implications considérables, car il signifie que le droit du roi n’est pas un pouvoir absolu comme en France, mais conditionné à l’acceptation de certaines responsabilités. Cela « distingue le couronnement anglais de tous les autres et explique son extraordinaire longévité » (Couronnement, page 4). Aucun autre pays n’a un couronnement semblable à celui de l’Angleterre, comprenant un serment devant Dieu, une onction afin de recevoir la bénédiction divine pour le règne du monarque, ainsi que des emblèmes tels que la couronne, l’orbe et le sceptre.

Ces détails sur le couronnement d’Edgar sont utiles car les grandes lignes de la cérémonie sont restées inchangées au fil des siècles. Certes, il n’existe pas deux couronnements identiques, car chacun est adapté aux besoins précis de l’époque, mais l’organisation générale reste inchangée. Avant son couronnement, le roi Charles indiqua que celui-ci « sera ancré dans les traditions de longue date » mais qu’il « reflétera le rôle actuel du monarque et sera tourné vers l’avenir ».3

Le couronnement est prévu pour être élaboré et précis, avec une cérémonie en grande pompe, des vêtements somptueux, de la belle musique, des chorales hors pair, des lectures soignées et des prières sincères. La cérémonie est méticuleusement planifiée, soigneusement orchestrée, mise en œuvre avec diligence et longuement répétée. Rien n’est laissé au hasard. Les images, les musiques et l’impact émotionnel de la cérémonie sont conçus pour avoir un effet maximal sur Charles, sur les invités et sur le grand public, annonçant le début d’une nouvelle ère caroléenne pour la Grande-Bretagne. Il s’agit d’un des événements publics les plus spectaculaires d’une vie, qui vise à lier l’ensemble du peuple au roi et aux valeurs qu’il promet de défendre.

Les grandes lignes du couronnement

Sur la base des éléments que nous avons évoqués, le couronnement a respecté cinq éléments principaux :

La reconnaissance. Charles fut présenté aux 2000 invités rassemblés dans l’abbaye. L’assemblée cria « God save the King » (Que Dieu protège le Roi) et des trompettes retentirent.

Le serment. Charles prêta serment de respecter la loi et d’être fidèle aux doctrines et aux pratiques de l’Église d’Angleterre, dont il est le gouverneur suprême.

L’onction. Des paravents furent placés autour de la chaise du couronnement afin de dissimuler le roi pendant que l’archevêque anglican procéda à l’onction. Selon la forme d’une croix, Charles fut oint sur les mains, le torse et la tête avec une huile spéciale. Il fut consacré à servir Dieu et son pays.

L’investiture. Le roi Charles, assis sur la chaise du couronnement, se vit remettre d’importants emblèmes en or, dont l’orbe royal surmonté d’une croix, symbolisant l’autorité religieuse et morale du Christ, le sceptre royal, représentant le pouvoir et la gouvernance du roi, ainsi que le bâton d’or surmonté d’une colombe, représentant le Saint-Esprit guidant l’action du roi. La « couronne de saint Édouard » fut ensuite posée sur sa tête.

L’intronisation et l’hommage. Le roi s’installa sur le véritable trône, d’où il reçut les hommages de la noblesse. La reine consort fut ointe à son tour et couronnée de la même manière.

La chaise du couronnement, construite pour le roi Édouard Ier, est un autre élément important de cette cérémonie et elle est en usage depuis 1308. La pierre de Scone (voir notre question et réponse à ce sujet), placée sous la chaise, fut prêtée par l’Écosse pour la durée du couronnement.

Priez pour le roi

Ce récent couronnement est un événement d’une signification et d’une importance extrêmes pour le roi Charles III et les nations qu’il dirige. C’est la pierre angulaire de l’identité nationale, liant de manière indélébile la Grande-Bretagne à ses anciennes racines et à son héritage israélite. Il annonce une meilleure époque à venir, à condition que Dieu et Sa parole soient honorés et respectés.

Il s’agit d’un moment crucial dans la vie de Charles, où toutes ses années de préparation seront mises à l’épreuve. Se montrera-t-il un dirigeant sage et compréhensif, proche de Dieu et de Sa parole, permettant ainsi à Dieu de bénir son règne et la nation, comme le promettent les Écritures ? Ou la nation poursuivra-t-elle son déclin et continuera-t-elle d’abandonner les valeurs divines, à l’instar d’une grande partie du monde ? Les écrits bibliques et la relation de Charles avec Dieu sont plus essentiels que jamais. Il n’est pas surprenant que la Bible nous exhorte à prier « pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté » (1 Timothée 2 :2).

1Célébrations canadiennes du couronnement de Sa Majesté le roi Charles III”, Canada.ca, consulté le 16 mars 2023
2 Coronation – From the 8th to the 21st Century, Roy Strong
3 “King Charles : What we know about the coronation”, BBC, 14 février 2023