Le pénitencier de Kingston : proclamer la liberté aux captifs | Le Monde de Demain

Le pénitencier de Kingston : proclamer la liberté aux captifs

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En juin 1835, dans ce qui allait devenir la province de l’Ontario, le pénitencier de Kingston flambant neuf ouvrait ses portes. Comme son nom l’indique, le « pénitencier » fut construit pour retirer de la société les individus corrompus moralement et spirituellement, en leur permettant de méditer sur leurs crimes afin de s’en repentir et de changer.

Le pénitencier faisait partie d’une grande expérimentation victorienne destinée à réhabiliter ceux qui avaient enfreint la loi et qui avaient dérogé aux règles sociales. La Loi sur les pénitenciers du Haut-Canada de 1834, promulguée une année avant que les premiers prisonniers ne soient incarcérés, dévoilait les intentions de la prison : « Si de nombreux délinquants reconnus coupables de crimes étaient condamnés à l’isolement en prison, avec un travail bien réglementé et des instructions religieuses, cela pourrait être le moyen à privilégier, non seulement pour dissuader les autres de commettre de tels crimes, mais aussi de redresser les individus en leur inculquant l’éthique du travail » (Lois du Haut-Canada, 4 Wm. IV, c.37, 1834).

La construction et l’expansion du pénitencier furent assurées par ses détenus. L’emplacement du pénitencier fut choisi en raison de l’abondance de calcaire, avec une carrière servant de principal lieu de travail forcé. Les prisonniers passaient dix heures par jour à casser de la pierre. D’autres formes de travail furent relevées par Charles Dickens lorsqu’il visita le pénitencier en 1842 : « La prison ici est admirable, elle est gérée adéquatement et avec sagesse, et est extrêmement bien réglementée sous tous les aspects. Les hommes travaillent comme cordonniers, cordiers, forgerons, tailleurs, charpentiers et tailleurs de pierre ; ils participent également à la construction d'une nouvelle prison, déjà très avancée. Les prisonnières s'occupent quant à elles des travaux d'aiguille » (“Histoire de corcan et de l’évolution des ateliers industriels dans les prisons”, Service correctionnel Canada, CSC-SCC.gc.ca).

Le pénitencier de Kingston est plus vieux que le Canada lui-même puisque la Confédération ne date que de 1867. Ce fut le tout premier pénitencier en Amérique du Nord britannique et une des prisons le plus longtemps en activité dans le monde jusqu’à sa fermeture en 2013, célèbre pour avoir accueilli certains des pires criminels canadiens. Comme Dickens l’avait noté, la prison accueillait à la fois des hommes et des femmes – ainsi que des enfants. Un des plus jeunes détenus envoyés au pénitencier fut Antoine Beauché, un pickpocket de Montréal, alors âgé de 8 ans.

Plus de tragédies que de réinsertions

La vie au pénitencier était presque silencieuse, à part le bruit monotone des cloches que les gardiens sonnaient à heure fixe pour que les prisonniers aillent au réfectoire ou le quittent. Personne n’avait le droit de parler ni de siffler, ce qui créait une sensation d’isolement total et d’atmosphère monacale. Le but était d’encourager les prisonniers à méditer sur leurs crimes dans un processus d’examen de soi. Des châtiments corporels étaient donnés à ceux qui transgressaient ces règles strictes. Certaines de ces punitions étaient des dizaines de coups de martinet, être enfermé dans l’obscurité totale ou être forcé à se tenir debout, parfois jusqu’à neuf heures, dans un cercueil appelé « la boîte ». Par exemple, « après avoir reçu 1200 coups de fouet, le prisonnier James Brown a été déclaré fou par le médecin de la prison » (CBC News, 23 avril 2012).

Le régime carcéral était destiné à réinsérer les individus enfermés, mais l’efficacité du système dépendait en grande partie de la capacité des gardiens et de leurs supérieurs à être justes et équitables en remplissant leur mission. L’état des cellules, l’application discriminatoire de la discipline et les méthodes extrêmes de châtiment ont échoué à redresser les prisonniers, en exacerbant au contraire leur amertume, en encourageant le suicide et dans certains cas en conduisant à la folie. L’environnement de peur et de haine chez les prisonniers était un autre élément clé de l’échec du pénitencier de réinsérer des criminels en leur inculquant l’éthique du travail. Une tension extrême s’était développée entre les prisonniers et les gardiens. Cette haine conduisit à trois révoltes majeures dans la prison au cours du 20ème siècle, malgré la mise en place de plusieurs réformes pénitentiaires.

Les efforts de l’humanité pour racheter et renouveler ses habitants sont un combat perpétuel. Le brigadier Walter Archibald, premier agent de libération conditionnelle du Dominion, déclara au sujet de la réforme du système carcéral : « Si nous espérons que nos efforts produisent des résultats, nous devons amener la vie humaine au contact de son Auteur, car c’est seulement en Lui et à travers Lui que se trouve la force vitale de racheter et de renouveler l’humanité » (CSP n°34, 1914, page 21).

Des leçons à apprendre

L’histoire de ce pénitencier nous offre une analogie sur laquelle méditer. Comme les détenus de Kingston, nous construisons notre propre prison lorsque nos actions s’éloignent de la morale établie dans la Bible. Que nous en soyons conscients ou non, tout écart ou toute transgression de la loi divine provoque diverses punitions physiques, sociales et psychologiques, ainsi que l’isolement spirituel.

La correction commence dans le cœur – et le renouveau le plus efficace se produit lorsque nous nous soumettons à notre Créateur, que nous Le laissons changer notre cœur et notre esprit pour refléter Son exemple parfait. Après tout, c’est Lui qui s’est levé dans la synagogue de Nazareth pour lire les paroles suivantes du livre d’Ésaïe : « L’Esprit du Seigneur, de l’Éternel, est sur moi ; car l’Éternel m’a oint, pour annoncer la bonne nouvelle aux affligés. Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la liberté, et aux prisonniers l’ouverture de la prison ; pour proclamer l’année de la bienveillance de l’Éternel… » (Ésaïe 61 :1-2, Ostervald ; voir Luc 4 :18-19). Ces paroles ne concernaient pas le fait de relâcher les criminels dans les centres carcéraux de la société ; comme le Christ l’a mentionné dans le sermon sur la montagne : « Je te le dis en vérité, tu ne sortiras pas de là que tu n’aies payé le dernier quadrant » (Matthieu 5 :26). Au contraire, le passage d’Ésaïe parle de la libération pour toute l’humanité de l’esclavage et de l’amende du péché, qui est la mort (Romains 6 :23), ainsi que de la perspective d’être libérée du cycle perpétuel du péché et de ses conséquences, du crime et du châtiment. Cela se produira seulement lorsque la nature charnelle de chaque être humain sera évacuée.

Heureusement, notre Créateur a payé nos dettes. Désormais, notre obligation est de répondre positivement en nous assurant de nous soumettre à Lui afin d’être justifiés ; et que nos actions, nos pensées et nos paroles reflètent Ses actions, Ses pensées et Ses paroles. Cela est valable à la fois pour ceux qui sont incarcérés actuellement et pour les gardiens qui les surveillent – en fait, cela est valable pour chaque être humain.

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